Dans une lettre ouverte, la fille du défunt milliardaire Fotso Victor, fait l’examen de l’incarcération de l’homosexuel Shakiro, et procède à certaines comparaisons.
Lebledparle.com vous invite à lire la lettre de Nadia Fotso
Il vaut mieux Shakiro que Njitap : lettre à un jeune transgenre camerounais
Chère Shakiro,
Je t’écris une lettre que je rends publique la veille de la fête nationale du Cameroun. C’est une façon de m’assurer qu’elle t’atteigne au fond de cette prison surpeuplée où on t’a jetée en pleine pandémie comme un vulgaire criminel dans un pays qui encense la criminalité lorsqu’elle est lucrative ou institutionnelle.
Parce que je suis de très loin ton aînée, je me permets de tutoyer. Je ne le fais pas par condescendance mais empathie. Mon souhait est que mes mots te permettent de ne plus jamais baisser la tête en t’excusant d’être ce que tu es et te donnent la force de traverser une épreuve qui ne doit pas te faire oublier que tu es aimée et admirée.
Shakiro, reste cette femme Bamiléké dans la peau d’un homme Bafang en ne doutant plus jamais de ton humanité et de ton talent. Avec ton courage, il en faut pour refuser de vivre cachée et opprimée, ils font de toi un être incroyable qui a le potentiel de devenir exceptionnel.
Avant la semaine dernière, Shakiro, je n’avais jamais entendu parler de toi. C’est en apprenant ta condamnation grotesque pour tentative d’homosexualité que je t’ai découverte. Tes vidéos m’ont fait rire, pleurer, agacée, navrée en étant toujours touchée par ta belle colère, tes errements mais surtout ta créativité et ton énergie entreprenante.
Tu es humaine ; tu as le droit de te tromper et de te chercher. Tu es à l’image d’une jeunesse camerounaise qui fait tant avec si peu et qu’on broie dès le premier faux pas, les premières erreurs parce que le Cameroun est un pays de jeunes confisqué par des vieux qui sacrifient l’avenir à l’immédiat,au présent, au court terme et oui à leurs plaisirs.
Il n’y a pas, Shakiro, à te juger, à défendre l’homosexualité pour te défendre ; notre pays ayant fait de ses enfants des sacrifiés il ne peut te condamner mais juste s’émerveiller qu’une rose sauvage puisse pousser dans la jungle sans loi et sans perspective qu’il est pour vous.
Si le Cameroun pensait sérieusement que tu étais malade, tu ne serais pas en prison mais dans un hôpital ou un camp de rééducation que l’état ouvrirait pour affirmer sans peur du ridicule que le Cameroun est la théocratie du Bantoukistan et non sa pimenterie !
Shakiro, j’ai entendu les pleurs de ta mère qui demandait quelles étaient les victimes de ton « crime ». Son amour digne et inconditionnel doit achever de te convaincre que tu dois être fière de qui tu es parce que tu n’as pas une mère d’occasion.
Il y a des mères qui se seraient trouvées des excuses que beaucoup trop de camerounais auraient trouvé excellentes pour t’abandonner et même se joindre à la foule pour te lyncher sans pitié. Ta mère sent bien que le fruit de ses entrailles n’est pas n’importe qui puisqu’il obsède la vermine. Elle est restée mère sans faire un déni de maternité qui aurait pourtant été rentable si elle s’était donnée en spectacle en jouant les victimes.
Shakiro, je me suis sentie fière en t’écoutant parler Bafang. Les Grassfields sont une région riche qui a des valeurs ancestrales dont les plus importantes sont le mérite et le travail. Tu n’es pas un panier troué et nos ancêtres t’ont bénie.
Shakiro, lorsqu’on t’insultera ou qu’on essayera de t’humilier et te réduire à une perversité imaginaire et imaginée parce que tu as commis des erreurs qui ne sont pas toutes des fautes, réponds en t’appropriant cette phrase que je t’offre : il vaut mieux Shakiro que Njitap ! Toi tu sais et assumes qui tu es et tu ne joues pas les batoufemmes pour voler et violer des Patriarches en t’attachant à des porcs maquillés.
Au Cameroun, les vrais pervers et vendeurs de piment ne sont pas celles et ceux qu’on croit. Ces moralistes au cœur de pierre nous servent de la moraline obsédés par ta vie parce qu’ils envient ta liberté, ton authenticité et ton audace. Elles montrent que tu fais plus que Je la dis queiser car tu as une vie intérieure d’une vitalité qui force l’admiration. Shakiro, tu finiras par te trouver.
Tiens bon, ma belle ! D’où je suis, je te vois. Cela me permet de crier free Shakiro en te promettant que lorsque tu seras libre, je ferai ce que je peux pour que tu aies un avenir. Pour que tu survives une humiliation inutile qui te grandira, je te répète tes mots que je murmure désormais devant la vénalité villageoise et meurtrière du Q de LGBTQ de Verline qui n’assume pas le fait qu’il est une drag queen pour te dire à bientôt :
Pas les lolettes, Maman !