L’Avocate a publié une tribune le lundi 07 février 2022 au sujet de la Can Total Energies 2021. Elle fait son bilan et pense que, « la CAN camerounaise a été organisée pour rendre muets et invisibles d’autres Camerounais ». Bien plus, elle pense que le pays vainqueur, le Sénégal est en avance sur le Cameroun.
Lebledparle.com vous propose le texte intégral.
Contradictions camerounaises, triomphe sénégalais
La Coupe d’Afrique des Nations fut-elle un succès ? Je n’en sais rien. J’ai bien un avis et des partis-pris mais… Le but était-il d’organiser un évènement à la hauteur des autres éditions ? Si oui, mission accomplie. Mais la question peut-elle n’être que celle-là ? La CAN n’est pas qu’un événement sportif puisqu’au Cameroun, le football est depuis trop longtemps plus qu’un sport. L’arrogance et le complexe de supériorité camerounais en Afrique font que le Cameroun se doit de faire toujours non pas aussi bien que les autres mais mieux…il se doit en tout cas d’essayer…Ne pas réussir est moins important que d’essayer en donnant tout en exploitant toutes les richesses et talents locaux. Le Cameroun a-t-il organisé la plus belle CAN qu’il pouvait ? Si la réponse est affirmative, we are in trouble car cela signifie la victoire du Je la dis queisme qui est un nihilisme.
Les échecs camerounais en Football ou en ailleurs ne sont pas égaux. Le plus beau et plus grand match de l’histoire des Lions Indomptables est une défaite, celle du Mondial 90 contre l’Angleterre en Quart de Finale. Le Cameroun était déjà en crise mais ce match-là, ce mondial là, je le pense,fait de nouveau croire aux Camerounais en ce qu’ils sont capables de faire ensemble lorsqu’ils mettent le collectif au-dessus du reste. Le mot clé ici est ensemble. Plus de 30 ans plus tard, ce mot n’a plus la même force.. Le football et l’équipe de football du Cameroun ne peuvent plus tous seuls lui rendre son pouvoir même en gagnant beaucoup.
La défaite contre l’Egypte était triste et la remontée spectaculaire contre le Burkina Faso satisfaisante mais sans saveur et seront vite oubliées tant il y a de choses plus difficiles à digérer. Comment ne pas penser à l’ensemble, aux absents, à une communauté nationale éclatée, à tous ceux en qui cette CAN ne pouvait guère ranimer l’espoir et la foi en la Camerounité parce qu’elle ne leur était pas destinée. D’une certaine manière, la CAN camerounaise a été organisée pour rendre muets et invisibles d’autres Camerounais. Oui, comme l’aurait dit Victor Fotso , tout pour le pays mais lequel ? Quel Cameroun ? Le Njitapage n’est jamais productif. Il peut éblouir, changer de costume et d’origine, changer de sexe pour ne plus être batoufemme mais même la sorcellerie de l’Est que le Ndo Bandjoun ne craint pas ne peut effacer à vie les réalités et les crimes en désinfectant les mains sales. Le Cameroun n’est pas n’importe quel pays, qui njitape un Patriarche njitape tous les Camerounais et le Cameroun ! Le football n’est pas la vie et les Lions Indomptables ne sont pas le Cameroun.
Le Sénégal est la seule nation dont la victoire en terre camerounaise était de mon point de vue acceptable. La première raison est que mon jumeau est sénégalais, la deuxième est que c’est un pays qui a une intelligentsia secouante qui ne se contente pas de véhiculer de la pensée magique et crétinisante. Mon jumeau m’a toujours affirmé que la chance du Sénégal est de ne pas être riche en matières premières. Les Sénégalais sont conscients qu’ils ne peuvent pas se permettre la suffisance camerounaise et bricoler en se disant que cela passera et sera accepté tant qu’il y a du champagne. Sachant que la remontada de samedi ne permettra pas aux Camerounais de réaliser ce qui est possible ensemble, j’espère que les Lions de la Teranga montreront ce que le foot peut dans un pays africain moins divisé et mieux organisé qui n’attend pas tout, trop de lui. Le Sénégal n’est pas un pays parfait mais pour le moment, il est en avance sur le Cameroun et c’est facile de le reconnaître parce que les Sénégalais sont moins Camerounais que les Ivoiriens donc il n’est pas trop difficile de leur dire bravo !
CAN camerounaise qui illustre les contradictions du pays organisateur. Une fête dans un beau pays… les meubles ont été sauvés , est-ce suffisant pour l’honneur et la grandeur? Pour une fois, je suis soulagée que le Dernier Bamiléké n’ait pas pu voir ça, lui qui a attendu si longtemps cette CAN et dont un des derniers rêves était que les Lions Indomptables aient une séance d’entraînement à Bandjoun avant de jouer un match à Bafoussam afin de montrer que le Cameroun se résume pas qu’à Yaoundé et Douala. Il était comme ça Fotso Maptué. Il pensait que la plus noble des grande ambitions était de rendre l’excellence et le rêve camerounais possibles pour tous et que les grandes réalisations n’étaient durables qu’avec plus d’égalité et de partage. Heureusement, Papa, tu n’étais pas là…