in

[Tribune] Covid-19 : Comment démocratiser la distribution des vaccins ?

Vaccin Sinopharm

L’actualité de la vaccination montre que les Africains fuient de plus en plus le vaccin, et ce, même dans le milieu médical. Pourquoi ? Notre hypothèse est que deux facteurs principaux doivent être évités si l’on veut généraliser la distribution des vaccins en Afrique subsaharienne en toute sérénité.


Vaccin Sinopharm
Arrivée du vaccin Sinopharm au Cameroun – DR

1. Eviter le paternalisme

« On vous offre les vaccins, mais soyez sages ! ». En gros, il faut la boucler. Ce discours s’inscrit dans la continuité d’une attitude des Grandes puissances, notamment occidentales, considérée comme étant paternaliste. Il s’agit de la volonté de limiter le droit de choisir des Africains sous couvert de protection, comme le ferait un père avec ses « enfants gros bébés », dans le but (avoué ou non) d’exercer sur eux une autorité et/ou une certaine influence sur eux. En effet, il existe bel et bien en Afrique aujourd’hui toute la capacité de production et de distribution des vaccins mais, l’on préfère mettre sur pied un mécanisme de dépendance qui provoque des antagonismes et transpose le débat sur le champ politique où l’on questionne cette « attitude infantilisante » à l’égard des Africains et suscite une envie d’émancipation.

De nos jours, et en faveur des avancées de la démocratie et du recul de l’ignorance, l’on ne peut plus aborder l’Afrique sans tenir compte du droit de choisir des Africains. C’est une exigence démocratique de participation et de représentation. C’est même une exigence de transparence ou encore du droit à l’information. L’on ne peut pas fournir aux Africains des vaccins susceptibles d’être produits sur place. L’on ne peut pas offrir les vaccins aux Africains sans les informer de façon éclairée sur leurs caractéristiques, leurs compositions, leur conservation, leurs effets secondaires, leurs qualités, leur efficacité, leurs durées de validité, etc. Ce sont des exigences démocratiques. Je veux bien que l’on me dise que la démocratie est une vue de l’esprit. Mais, la réalité est là. Aussi longtemps que l’on va violer les droits élémentaires des populations africaines, comme le droit à la participation, à la représentation ou à l’information, alors l’on rencontrera de plus de plus des seuils de résistance. Le développement de la théorie du complot (qui fait des vagues en Afrique) se fonde sur l’ostracisme et/ou l’occultisme. Il convient de respecter les principes élémentaires de démocratie comme le respect des libertés fondamentales pour établir une relation de confiance avec le continent.

Pour approfondir :   Caroline Meva : « Que ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui n'oublient pas que la roue tourne »

2. Eviter le transfert de priorité et le mimétisme

Entre nous, en l’état actuel des connaissances sur la maladie et des ravages observés, est-ce que la Covid-19 est une priorité en Afrique ? Franchement, la Covid-19 ne semble pas être la priorité des priorités en Afrique. On a l’impression que l’Occident transfère une fois de plus ses priorités à l’Afrique. Sur le continent, les populations ont d’autres préoccupations plus urgentes. C’est le cas du paludisme par exemple. Le mimétisme consiste à vouloir se rendre semblables à l’Occident ou à vouloir se conformer à ce qui se passe à l’Occident. Entre nous : Pourquoi doit-on changer les priorités de santé en Afrique pour se concentrer sur la Covid-19 ? Il s’agit bel et bien de la gouvernance par mimétisme : On dit que c’est le sida et tout le monde parle sida. On dit que c’est la Covid-19 maintenant et tout le monde « se verse dedans ». On fait même des prêts pour soigner un mal dont les méfaits ne sont que marginaux à ce jour. Il est établi que les patients qui meurent en Afrique de Covid-19 étaient en situation de comorbidité pour la plupart. En médecine, la comorbidité est la présence en même temps chez une même personne de plusieurs maladies chroniques qui nécessitent, chacune, des soins sur le long terme. Cela veut dire en français facile que beaucoup de patients (les riches et les personnes âgées) meurent parce qu’on a cessé de traiter leur diabète par exemple pour se concentrer sur leurs problèmes de grippe. Cela veut dire que si l’on veut se défaire du mimétisme et s’occuper pertinemment de nos populations, alors il convient de mettre la priorité sur le traitement des maladies chroniques et du paludisme qui sont les principales causes de morts sur notre continent.

Pour approfondir :   Fridolin Nké : « Paul Biya a fêté, vivant, la mort de son propre règne »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Entrée en Fonction de l’Ambassadeur du Cameroun en République Tunisienne

Le 27 avril 2021

Cameroun : La revue de presse du mardi 27 avril 2021