La Directrice exécutive de Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun s’est prononcée sur l’affaire Malicka Bayemi, Martin Camus Mimb et William Eteki. Elle pense qu’en matière de protection de la vie privée des personnes, on ne peut même pas envoyer, même en privé des images d’une personne à une autre sans le consentement éclairé de celle-ci. Ce principe est encore plus important quand il s’agit de l’intimité et de la sexualité d’une personne, déclare-t-elle. Elle demande justice pour Malicka.
L’intégralité du texte.
Justice pour Malicka
L’affaire Malicka Bayemi, comme il convient de l’appeler est une affaire grave d’atteinte à la pudeur et dans une certaine mesure de viol. C’est une affaire de mœurs dans laquelle est impliquée une personnalité, en l’occurrence un journaliste bien connu sur l’espace publique. Nous avons dans cette affaire, un aspect en lien avec le droit et un autre en lien avec la société camerounaise.
En ce qui concerne le droit, l’on pourrait ici évoquer plusieurs cas de figure dans lesquels le Code pénal camerounais pourrait s’appliquer. Il s’agit de l’article 294 sur le proxénétisme, l’article 295 sur l’outrage privé à la pudeur et l’article 344 sur la corruption de la jeunesse.
Une autre infraction et non des moindre, c’est l’atteinte à la vie privée. Car jusqu’ici, je n’arrive pas personnellement à comprendre à qui et pourquoi les photos et vidéo de cette jeune fille voulaient être envoyées avant que cette fameuse « erreur de manipulation » ne survienne. Car comme vous le savez, un des protagonistes de la sextape a dit avoir envoyé par erreur ces photos et vidéos. En matière de protection de la vie privée des personnes, je dois rappeler ici que vous ne pouvez pas envoyer, même en privé des images d’une personne à une autre sans le consentement éclairé de celle-ci. Pour faire simple, même mon mari ne peut pas envoyer des images de moi à une personne sans solliciter mon consentement. Ce principe est encore plus important quand il s’agit de l’intimité et de la sexualité d’une personne.
En ce qui concerne la société, nous sommes fiers d’avoir contribué à faire changer la perception et l’orientation que prenait cette affaire au début. J’ai été personnellement offusquée de voir que la jeune fille soit lynchée et insultée alors même que c’est elle la victime et que pendant ce temps, ces bourreaux étaient soutenus. C’est le reflet d’une société où la jeune fille/femme est responsable de ses problèmes parce qu’elle les aurait cherchés.
En tant que femme, mère, grande sœur et enfin leader, je me suis sentie profondément touchée par cet acharnement. Les bourreaux ont même mis à contribution les médias pour insulter et minimiser l’impact de leur forfait.
La femme doit être respectée dans ce pays. Tous les hommes quels qu’ils soient doivent savoir qu’ils n’ont pas le droit de toucher à une femme, même lui adresser la parole sans son consentement.
Nous devons briser le silence, j’appelle les femmes à les dénoncer tous, sans exception.
Cyrille Rolande Cyrille ROlande Bechon
Directrice exécutive de Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun