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[Tribune] Décentralisation : Après son passage sur la CRTV, un ancien cadre du Minfi répond à Louis Paul Motazé

LPM BMP

L’ancien chef de division de la préparation du budget au ministère des finances Bonaventure Marcel Piim reprend de façon intelligible l’actuel ministre des finances Louis Paul Motaze après certaines déclarations tenues sur  » Actualité Hebdo  » à la CRTV.


LPM BMP
Louis Paul Motazé – capture photo

Lisez le texte ci-dessous :

Non non monsieur le ministre des finances, l’administration ne peut pas assujettir l’application financière d’un engagement politique légal comme le transfert des ressources budgétaires à hauteur de 15% aux CTD, à l’existence d’une capacité technique ou informatique, sans courir le risque d’être accusée d’insubordination.

Monsieur le ministre des finances,

Je ne reprendrai pas les propositions que j’ai faites récemment à travers mon post intitulé « pour sortir du face-à-face exécutif/parlement au sujet des 15% des crédits à consacrer aux CTD, il faut revoir le cadre et surtout le calendrier de préparation du budget de l’état« .

Je vous ai patiemment suivi lors de votre passage à l’émission de grande écoute « Actualité Hebdo » le dimanche 24 janvier 2021.

Connaissant votre grande qualité d’ouverture intellectuelle et d’écoute, je me permets de vous relancer, s’agissant du questionnement relatif au débat en cours sur le transfert de 15% aux CTD.

En résumé si j’ai bien compris, vous dites le ministère des Finances disposé à ce transfert, mais à condition que les CTD fassent preuve de préparation technique, notamment informatique, et que les autres départements ministériels jouent également le jeu du transfert des compétences.

Cette attitude ne me semble pas justifiée. En effet, la loi No 2018/012 du 11 juillet 2018 portant régime financier de l’État, dans ses articles 55 et 56, donne bien capacité au ministre des Finances, bien sûr sous la supervision du Président de la République, à régler ce genre de question dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances.

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Le ministre des Finances est responsable du cadrage budgétaire et de la proposition des enveloppes budgétaires au Premier Ministre.

Il suffit alors d’avoir pris la précaution de veuillez au respect des engagements découlant de la vision politique du Chef de l’État, et des dispositions légales et réglementaires y afférentes, avant la proposition de ces enveloppes.

La préparation du budget de l’État est un exercice d’équilibrage sous contraintes, pour emprunter au langage des ingénieurs. Mais un exercice rendu particulièrement aisé par l’avènement et la disponibilité des outils informatiques et numériques.

Les autres dispositions à prendre, notamment la création d’un contrôle financier, d’un service fiscal et d’un poste comptable, équipés chacun d’un poste informatique, au sein de chaque commune et de chaque région, relèvent également du ministère des Finances.

Le reste est une affaire de jeunes filles et garçons formés en quelques semaines, à la codification des recettes et des dépenses destinées aux CTD.

Ces dispositions peuvent être rapidement concrétisées en quelques mois, dès que la décision est prise.

Depuis ma retraite, je peux me rendre disponible pour y accompagner mes anciens collaborateurs, si jamais cela est nécessaire.

Ma conviction est que l’enjeu de la décentralisation au Cameroun, à savoir le développement d’un écosystème économique local, est si éminent que ce sujet doit rapidement faire l’unanimité, au-delà de toutes les considérations politiciennes.

J’ai déjà eu à le dire, tout le monde y gagne. Je ne sais par exemple pas à quoi cela sert au Ministre des Finances, de continuer à trimballer au niveau central, des liasses de dossiers relatifs au traitement salarial des instituteurs, des infirmiers et autres techniciens agricoles. À quoi cela sert-il aux ministères de continuer à centraliser les dépenses de réfection des salles de classe, des dispensaires, de cantonage d’entretien des routes rurales, de réhabilitation du réseau d’hydraulique rurale etc… Il en est de même de plusieurs autres dépenses qui pourraient être prises en charge avec beaucoup plus d’efficacité à la base, au niveau des CTD.

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Les services centraux devraient avoir à cœur de s’en débarrasser rapidement, pour se consacrer à la réflexion stratégique, à l’encadrement normatif et règlementaire, et à la supervision de la mise en œuvre des options de politiques publiques a posteriori.

Monsieur le Ministre il me semble, pour conclure mon post, que le gouvernement camerounais doive faire preuve de beaucoup plus d’engagement dans l’application des dispositions légales relatives à ce dossier de la décentralisation, notamment dans ses aspects de transfert de compétences et des ressources.

Sous d’autres cieux, il a été l’instrument de très gros revers politiciens. L’événement qui me vient tout de suite à l’esprit est ce fameux référendum du 27 avril 1969 en France, sur la rénovation du sénat et la création des régions. Chacun peut y aller de son analyse ; mais l’on se souviendra toujours que ce référendum a été à l’origine de la démission d’un énormissime personnage politique comme le Général de Gaulle. Comparaison n’est pas toujours raison. Il me semble toutefois nécessaire d’insister qu’il faille éviter de ramener aussi souvent en discussion, ce sujet de la décentralisation.

Bonaventure Marcel PIIM

Ancien Chef de Division de la Préparation du Budget au Minfi

 


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