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Ce qui se passe au Niger paraît complexe. Mais une fois le problème décomposé, il est facile à comprendre.
Au Niger comme dans n’importe quel pays africain, il existe une oligarchie dirigeante composée de factions civiles, militaires, ethniques, religieuses et/ou linguistiques qui maintiennent un fragile équilibre dans la répartition des ressources pillées. Cette élite vit dans l’opulence et entretient un réseau d’amis internationaux (ou devrais-je dire des démons mondialistes)
Ensuite, vous avez la majorité de la population languissant dans la pauvreté et l’ignorance politique qui est manipulée avec plus ou moins de succès par des factions de l’oligarchie qui instrumentalisent les différences ethniques, religieuses ou linguistiques pour maintenir les masses divisées et dominées .
Enfin, il y’a une petite proportion de réformistes et de révolutionnaires. Les réformistes veulent des changements superficiels qui maintiennent le système plus ou moins intact. Les révolutionnaires cherchent à detruire le système et à le remplacer par un système nouveau et (espérons-le) meilleur.
Les révolutionnaires comme les réformistes tentent de gagner le soutien des masses. Ils développent un discours politique pour contrecarrer la propagande conservatrice et reactionnaire de l’oligarchie dirigeante. Ils obtiennent un degré de succès qui varie amplement selon les pays.
Tous les discours politiques (conservateur, réformiste ou révolutionnaire) revêtent le costume de l’intérêt général mais en réalité promottent des intérêts particuliers qu’ils soient pour l’oligarchie, la classe moyenne ou les masses pauvres.
Alors que le lien entre discours et intérêt particulier reste constant, le porteur du discours peut être sincère ou non. Pour s’attirer des soutiens, un conservateur peut divulguer un discours réformiste, tout comme un réformiste peut user de la rhétorique révolutionnaire.
Seuls les révolutionnaires n’ont d’autre choix que de dire ce qu’ils pensent et de penser ce qu’ils disent.
Les causes internes d’un bouleversement social sont :
1- un conflit entre les factions de l’oligarchie dirigeante
2- un conflit opposant l’oligarchie et les réformistes
3- un conflit opposant les masses dirigées par les révolutionnaires et l’oligarchie dirigeante.
La matérialisation de ces conflits peut être rendue floue lorsque les acteurs politiques ont des points de vue qui ne sont pas authentiques. Par exemple, pour gagner le soutien populaire, un putschiste appartenant à l’oligarchie dirigeante peut utiliser un discours anti-impérialiste pour vaincre une autre section de l’oligarchie considérée comme une marionnette de puissances étrangères.
Dans leurs tentatives de gagner les batailles internes, les factions de l’oligarchie, les réformistes et même les révolutionnaires cherchent des alliés étrangers, internationalisant ainsi ce qui peut commencer comme un conflit local.
Mais l’inverse peut aussi être vrai. Les puissances étrangères peuvent utiliser des alliés locaux pour régler des conflits entre elles, intériorisant ainsi un conflit étranger.
Le cas du Niger est une combinaison de tout ce qui précède. Les putschistes sont une faction de l’oligarchie au pouvoir. Ce ne sont pas de véritables révolutionnaires. Mais ils surfent sur les sentiments anti-impérialistes des masses pour l’emporter sur l’autre partie de l’oligarchie nigérienne.
Les réformistes et les révolutionnaires espèrent tirer des gains politiques de cette division au sein de l’oligarchie. Les pays africains voisins du Niger sont divisés quant à l’attitude à adopter. Les puissances occidentales et du BRICS s’activent ouvertement ou secrètement, car elles voient le Niger, riche en ressources, comme un pion important dans leur jeu d’échecs.