Au départ, avant même qu’il ne constitue son dossier de candidature à la présidence de la Fécafoot, à part quelques « aigris » et « jaloux », comme moi, minoritaires, taxés par les bien-pensants d’être une «insignifiante poignée de gens qui ne voient que le mal partout», l’unanimité s’était faite sur le personnage. Il était le « Messi » du football camerounais, celui que Dieu avait envoyé pour restaurer, relancer et faire triompher notre sport roi. Journalistes sportifs, éditorialistes, joueurs, entraineurs, présidents de clubs, etc. n’avaient pas de mots assez forts pour dire comment il est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Il croulait sous une avalanche de propos laudatifs. Jamais auparavant un président de la Fécafoot nouvellement élu n’avait atteint un tel Himalaya de popularité dans toutes les couches de la société. Dans un pays où la feymania et l’imposture propulsent au sommet de la gloire, il était au bon endroit. Tout lui était acquis. Les portes s’ouvraient les unes après les autres devant lui, rien ne pouvait lui être refusé, rien ne lui résistait. Parmi les arguments de poids et imparables diffusés en boucle sur les plateaux de télévision et dans les réseaux sociaux, il y a en avait deux ou trois qui faisaient mouche et visaient à clouer les becs : « Il est riche, très riche, très très riche, il n’a pas besoin de votre petit argent de la Fecafoot. Il a un carnet d’adresses à nul autre pareil. Il est l’un des rares Camerounais à avoir le no de téléphone portable direct du Président Paul Biya ». Sa générosité légendaire disait-on, libérait les billets de banque à tout va, sans compter :30.000.000 au Lamido, un bus neuf tout équipé par ici, des dons à tour de bras par là. Il n’avait pas l’argent, il était l’argent.
Ceux qui, comme nous, l’infime minorité, ont vainement tenté d’appeler à la prudence face à ce déferlement médiatique qui visait davantage à construire l’image d’un homme obnubilé par son ego surdimensionné qu’à promouvoir les actions concrètes, lisibles et visibles du Président de la Fecafoot pour le football camerounais, ont été lynchés, pendus haut et court sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision.
Tels des membres d’une secte, autistes et murés dans une incroyable surdité, ses partisans font preuve d’arrogance, de mépris et de condescendance chaque fois qu’on ose les interroger sur les actions et les décisions du Président de la Fécafoot.
Et puis, patatras. L’on découvre aujourd’hui, sans stupéfaction pour nous qui avions prédit le désastre avant l’heure, que l’homme n’a pas le moindre sous, qu’il est sur endetté. La preuve, il quémande des subventions à l’Etat du Cameroun, l’argent du contribuable. Tête baissée, il s’est engagé dans toutes sortes de deals suspects et tous plus foireux les uns que les autres, une course folle, tel un cheval fou, pour tenter de gagner, par tous les moyens, y compris des moyens questionnables, cet argent qu’il prétendait avoir, mais qu’en réalité il n’a pas. Il a bluffé tout le monde. Et c’est dans la foulée de cette chevauchée fantastique que notre N0 9 national a signé un contrat de partenariat avec 1XBet le 26 mai 2023, devenant ainsi le nouvel ambassadeur de la célèbre multinationale de paris sportifs en ligne. Un contrat à la fois illégal et en violation flagrante du code d’éthique de la Fifa. S’en sont suivis des soupçons persistants de matchs arrangés, truqués pour aligner les résultats sur ses paris, afin qu’il empoche la mise. Une enquête indépendante devrait permettre de faire la lumière sur ce drible extraordinaire de notre avant-centre légendaire dans la surface de réparation de la gestion du football camerounais.
Parmi ses faits d’armes les plus retentissants, citons entre autres le licenciement abusif et dans la précipitation d’un entraineur presque en fin de contrat, un dé-sastre. Ce contrat résilié dans un amateurisme effarant, va couter cher au contri-buable camerounais. Le lundi 18 juillet 2022 la FIFA a en effet décidé de con-damner la FECAFOOT à verser une indemnité de 1.603.500 Euros, soit environ 1 milliard et 200.000 francs à Antonio Conceicao pour licenciement abusif.
L’autre fait d’armes du Président de la Fécafoot, non moins retentissant et qui fait « honneur » à notre pays dans les instances internationales, c’est également l’affaire de l’équipementier One All Sports, un autre désastre qui va encore nous coûter les yeux de la tête. La Fécafoot, dans un premier temps, avait indiqué que One All Sports allait verser 7 milliards FCFA par an. On parlait aussi d’octroyer un bus par an à la Fédération. Il n’en est rien. Le Coq sportif dont le contrat aurait également été abusivement résilié a porté plainte contre la Fécafoot qui, ici encore, a perdu son procès en appel et devra verser près de 7 milliards de francs CFA à l’équipementier pour rupture abusive du contrat. Le verdict de la Cour d’Appel de Paris a été rendu le 15 juin 2023. La Fecafoot a été notifiée le 16 juin d’une assignation à payer à CoQ Sportif plus de 10 millions d’euros soit près de 7 milliards Fcfa ; ce qui n’inclut pas les honoraires d’avocats.
L’on peut ainsi noter pour s’en « réjouir »qu’en très peu de temps, le Président de la Fécafoot a fait l’éclatante démonstration de ses talents de gestionnaire. Au point que, surchauffés, ses adeptes ont tenté de transformer son mandat en cours pour le faire passer de 4 à 7 ans ! Une ridicule pantalonnade !
Tel un enfant gâté à qui l’ont a confié un objet précieux, le Président de la Fecafoot ne se pose pas de questions. Il sait que derrière, il y a un papa, ou des gens qui vont payer pour ses errements chaque fois qu’il casse quelque chose.
Pourtant, malgré les faits difficilement discutables que le titanic Fecafoot prend l’eau de toutes parts et coule lentement mais surement, arrogants et imbus d’eux-mêmes, les adeptes du Président assurent que le bateau est incassable, insubmersible. Au gouvernail du Titanic Fecafoot, ignorant l’eau qui s’engouffre par tous ses orifices, le Capitaine ordonne : « En avant toutes». Certains gros rats ont commencé à quitter le navire. C’est signe que, sauf miracle, le naufrage est inéluctable.
Qui peut oser dire aujourd’hui que ce personnage, footballeur de légende en son temps, est malheureusement un piètre gestionnaire dont les décisions controversées révèlent chaque jour la profondeur abyssale de son incompétence dans la gestion d’une structure comme la Fécafoot ? On court le risque de se faire lyncher ou bruler vif sur la place du marché.
Curieusement, malgré ces états de service peu reluisants, il reste un modèle pour les jeunes qui l’adorent. Il est malheureusement le symbole le plus incarné de notre jeunesse déboussolée, raison pour laquelle il atteint de tels sommets de popularité chez nos enfants éblouis par les lumières aveuglantes de la feymania, du clinquant et du semblant.
Charles SOH