C’est en tout cas l’interrogation qui revient en lisant l’assignation en justice des deux organisations patronales ainsi que leurs dirigeants statutaires, par 4 PME membres du Gicam. L’information a été révélée au public, via une communication du Gicam à ses membres dont la teneur telle qu’obtenue par AGA suit: « Alors que nous nous acheminons vers la tenue de notre prochaine Assemblée Générale Extraordinaire qui statuera sur la fusion GICAM-E.CAM, le devoir nous impose dans un souci de transparence de vous informer que par exploit d’huissier reçu le 19 juin courant en fin de journée, GICAM et E.CAM, ainsi que leurs Présidents ont été assignés à comparaitre le 03 juillet 2023 au tribunal de Grande instance de Douala à la suite d’une requête en annulation du Traité de fusion signé le 05 Avril dernier.
Cet acte curieux à plus d’un titre qui fait suite à d’autres actions engagées par les mêmes entreprises et dans le même objectif, s’apparente fort malheureusement à un rejet absolu de démocratie associative.
En effet, cette requête portée par 4 PMEs membres du GICAM a pour objectif de faire échec au processus de fusion entre le GICAM et l’ECAM entamé depuis février dernier au motif que le traité de fusion serait illégal. Car la fusion des associations n’est prévue par aucun texte réglementaire en vigueur au Cameroun.
Nous tenons par le présent à vous assurer de ce que le processus se poursuit sereinement et la prochaine étape fixée au 11 juillet prochain vous permettra à vous seul(e) Adhérent(e) de prononcer Ia décision ultime sur l’avenir de ce Traité de fusion GICAM-E.CAM qui est une manifestation non équivoque de la démocratie associative telle qu’elle est prescrite par la loi N° 90/53 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d’association.
Au demeurant, nous avons confiance en la justice de notre pays et ne doutons pas que le droit sera dit. Nos conseils ont déjà été constitués pour défendre nos intérêts à cet effet ».
L’on découvre ainsi qu’alors que partout où des leaders visionnaires ont le souci de renforcer les organisations associatives dont ils sont membres et aspirent à la direction, – c’est un droit statutaire -, leur principale ambition qui devrait être de la renforcer soit par de nouvelles adhésions soit en développant des stratégies afin de les rendre plus influentes, le quarteron d’adhérents du Gicam qui entreprend cette initiative judiciaire, après avoir en vain tenté de bloquer le fonctionnement normal des organes statutaires du principal mouvement patronal camerounais, veut installer une chienlit en recourant à la démarche incertaine de la justice. Demarche incertaine? Oui. Le garde des sceaux ne soutenait-il pas encore récemment, face aux députés, que « le temps de la justice n’est pas celui des justiciables »?
Provoquer la chienlit
Traduction sommaire : « si au Cameroun, vous recourez aux juridictions étatiques, sachez que vous entrez dans une sorte de tunnel noir où vous perdez pratiquement la maîtrise de votre calendrier d’actions ou des opérations! » Est-ce plus responsable pour des dirigeants de PME de s’organiser pour faire triompher au sein de leur association leurs idées ou visions, et le moment venu d’en prendre démocratiquement la direction pour la faire appliquer comme le fait actuellement Celestin Tawamba dont le projet de fusion en vue du rassemblement du mouvement patronal camerounais fut annoncé aux électeurs dès sa candidature à la présidence du Gicam en 2017? En le plébiscitant, les membres du Gicam ne lui donnaient-ils pas carte blanche pour, entre autres, mener à bien cette vision clairement déclinée ? Plus, depuis qu’il a entamé le processus de fusion avec E.Cam la rivale principale du Gicam issue du dernier schisme en 2008 au sein dudit groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) alors présumé le plus représentatif des entreprises camerounaises, il a chaque fois SOUMIS chaque étape opérationnelle à la VALIDATION subséquente des organes statutaires de gouvernance dédiés que sont le Conseil d’administration et l’Assemblée générale. Là où certains, dans un passé connu, forts du mandat reçu lors de leur élection, s’en seraient prévalu pour imposer leur vision personnelle. Car il ne faut jamais l’oublier, la crise de 2008 qui déboucha sur le plus grand schisme dans l’histoire du Gicam était en bonne partie liée à une pratique individualiste et paternaliste de son exécutif de l’époque.
Rassembler la famille des entreprises pour mieux les représenter
Comme nous l’a confié un membre de l’exécutif de l’époque qui avait dénoncé cette pratique paternaliste du patronat camerounais, la démarche actuelle qui associe les membres à toutes étapes visant ainsi à préparer un avenir d’une représentativité plus forte du secteur de l’entreprise privée ainsi qu’une plus grande ouverture en vue de moins d’élitisme de la représentation des entreprises camerounaises afin d’atteindre à moyen terme l’objectif de plus de 50 % d’entreprises rassemblées dans un puissant mouvement est le chemin d’avenir. Tenter de le bloquer par des manoeuvres tantôt politiques, tantôt administratives et maintenant judiciaires alors même qu’un commissaire à la fusion a préalablement été désigné par la justice à la demande du Gicam est une tentative malheureuse des forces rétrogrades qui ont toujours eu du mouvement patronal une image de bien personnel où ce ne sont pas forcément les ayants droits associés qui prennent les véritables décisions.
L’avenir en ligne de mire
Cette bataille du conservatisme contre le progrès donc l’avenir doit être tranchée par le juge unique que sont les adhérents. Du moins si l’on est vraiment démocrate.
Après la fusion – si les membres des organisations patronales en décident ainsi les 11 et 12 juillet prochains à l’issue de leurs AGE respectives, ce qui donnera naissance à un patronat plus consistant -, viendra sans doute le temps de la mise en place de nouveaux organes gouvernants du mouvement patronal ainsi largement rassemblé. Des élections dont une campagne précipitée et de moins en moins sourde parasite tant ce projet d’un patronat fort parce que rassemblé sont alors inévitables.
Une fois encore ce sont les adhérents qui décident en démocratie. Il ne faut pas essayer de les en priver avec des procédures judiciaires inopportunes.
Tel est le prix quand on a choisi d’évoluer dans un système démocratique en général, et dans une association démocratique en particulier. Il faut alors convaincre les membres/adhérents et non les juges.
AGA.