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Serge Aimé Bikoi : « il n’y a pas des fiefs électoraux à une formation politique »

Aime Serge Bikoi RTS

Serge Aimé Bikoï, journaliste en service à la radio Tiemeni Siantou (RTS) donne son avis sur la situation politique actuelle au Cameroun, en faisant des projections d’avenir. Lebledparle.com vous propose l’intégralité de sa sortie.


Aime Serge Bikoi RTS
Serge Aimé Bikoi – capture photo

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Positionnement des acteurs politiques pour des échéances électorales futures : Attention au triomphalisme et à l’individualisme !!!!!

Ces derniers jours, bien de leaders et acteurs politiques investissent l’arène médiatique. Question de présenter leurs ambitions pour des élections locales à venir. Bien que la date desdites échéances électorales ne soit pas, pour le moment, connue du grand public, le corps électoral n’étant pas encore convoqué, des enjeux, défis et desseins sont, tout au moins, formulés dans l’optique de se positionner, voire de se repositionner sur l’échiquier politique. C’est tout à fait normal surtout que le champ politique est pourvu d’objectifs et de mécanismes d’actions divers.

Certains cadres et alliés politiques du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) se jettent, d’ores et déjà, dans l’arène en vue de faire savoir à l’électorat qu’ils candidateront dans telle commune ou dans telle autre. Célestin Djamen, conseiller municipal Sdf à la commune d’arrondissement de Douala 1er, aujourd’hui Secrétaire national en charge des droits de l’homme au sein du Mrc, nourrit l’objectif de devenir Maire de la commune d’arrondissement de Douala Vème ou, du moins, d’en devenir conseiller municipal. Il en est de même de Paul Eric Kingue qui veut s’approprier le bastion électoral du Moungo. Au cours d’une émission télévisée « La vérité en face », diffusée le 20 octobre 2019 sur Equinoxe Tv, le Président national du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (Mpcn) a, clairement, dit : « J’ai mis neuf mois pour Kamto ; j’ai failli être condamné à mort pour Maurice Kamto ; j’ai tontiné pour M. Kamto ; j’ai peur que les membres du directoire du Mrc induisent Kamto en erreur. J’attends le retour de l’ascenseur. Si Kamto ne respecte pas ses engagements, j’organise la résistance contre le Mrc ».

Parmi les différents alliés de la coalition construite depuis l’ère de la Présidentielle 2018 par le Mrc, seul P. E. Kingue a, à l’état actuel, fait état de ce type de propos relativement sulfureux et austère à l’égard de certains membres du directoire qu’ils soupçonnent d’ourdir un ou des plans pour l’achat des postes politiques lors des échéances futures. Quand un homme politique de la trempe de Kingue tient ce genre de discours avec une certaine véhémence, il y a, à coup sûr, anguille sous roche. Il est impératif, dans les prochains jours, que le directoire tienne une assise dans le souci d’aplanir cette divergence et de dissiper cette contingence (s’il y en a une). L’enjeu, en pareille circonstance, consiste à éviter toute fracture entre un allié et le Mrc dans la perspective des échéances électorales futures. Encore que tant que le gibier électoral n’est pas encore happé, point n’est besoin de basculer dans un triomphalisme pour se satisfaire du labeur dûment abattu. A l’heure actuelle, le gibier est tenu par la queue au cours de cette course de pointe, dont la fin n’est pas, pour l’instant, programmée vu les enjeux et défis qui se profilent.

En même temps, il est opportun d’élaguer ce type d’impondérables, en même temps il n’est pas loisible d’afficher, a priori, un triomphalisme et un individualisme béats, en clamant, haut et fort, que l’on a, derrière soi, toute la démographie galopante d’un département donné susceptible de lui faire bénéficier d’un vote massif aux prochaines échéances au cas où une résistance serait organisée contre le Mrc. C’est encore une conjecture. Soit! En effet, les déterminants de la Sociologie électorale imposent à tout observateur de la scène politique de tenir compte du phénomène de la reconfiguration du champ politique tant il y a eu, depuis des années, des dynamiques politiques interne et externe, lesquelles ne sont pas statiques, mais qui sont, a contrario, évanescentes et mouvantes à la force de l’actionnalisme et du dynamisme des leaders et acteurs sur le terrain politique. Actuellement, les exécutifs municipaux de Djombe-Penja et de Loum sont tenus par le Social democratic front (Sdf). Antérieurement, le Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) tenait les rênes de ces communes. Entre-temps, il y a eu des défections, des démissions, des transformations et des migrations des acteurs politiques du parti au pouvoir dans les partis politiques de l’opposition, tout autant que la mobilité des acteurs politiques de l’opposition dans d’autres organisations politiques opposantes. Aussi y a-t-il eu, depuis 2012, la naissance du Mrc, jeune formation politique qui, progressivement, s’est implantée dans plusieurs bastions électoraux des aires culturelles locales et, singulièrement, dans le Moungo.

L’exposé de cet argumentaire incline à conclure à la thèse suivant laquelle il n’y a pas, a priori, des fiefs électoraux dits traditionnellement acquis à telle formation politique eu égard à des recompositions, à des mutations et, par corollaire, à une reconfiguration du champ politique. Reconfiguration régie par des permanences et des ruptures. De nouveaux déterminants politique, économique, social, culturel et géostratégique naissent toujours au fur et à mesure que se re-définit et se re-échelonne l’espace politique. L’ancrage des médias sociaux dans la société camerounaise contemporaine corrélé à la toute puissance des mass médias contribue aussi à re-modeler cette configuration. D’ailleurs, le fait politique n’est pas inerte, inchangeable et immuable, mais il est, fort au contraire, changeant, mouvant et dynamique au gré des actions et des stratégies des leaders et acteurs. Quelle que soit la notoriété qu’un leader politique a acquise durant des années, les données du vote fluctuent en fonction de plusieurs paramètres, en l’occurrence en fonction de l’intentionnalité des acteurs, des prébendes octroyées à l’électorat, de la primauté du vote communautaire, de l’éventualité du vote rationnel, de la Psychosociologie du champ politique national et de la probabilité du vote affectif, dont la gent féminine est, très souvent, instigatrice de par sa subjectivité et de ses relations affinitaires avec des postulants.

****Le jeu des coalitions et l’enjeu des positionnements des acteurs

Dans le même ordre d’idées, il est impérieux, en ce moment, de questionner, de manière épistémologique, le jeu des alliances politiques et l’enjeu des acquis obtenus au cours des élections locales antérieures. Le Pacte républicain, coalition de neuf formations politiques de l’opposition camerounaise, est né de la transformation en une plateforme politique qui, ayant investi les candidats à l’élection présidentielle de 2011, s’était réuni à Foumban chez Adamou Ndam Njoya. Question de contester les résultats de cette échéance électorale et d’élaborer une stratégie consistant à entraver le procédé de la validation de ces résultats. Cette Présidentielle était, en réalité, qualifiée de mascarade. A l’époque, des Hommes de médias avaient baptisé cette coalition de G9, groupe constitué du Sdf, de l’Udc, de l’Afp, du Cpp, du Paddec, de la Dynamique, du Pap, du Mp. Les neuf entités politiques avaient été rejoints, à Yaoundé, par l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add), dont le leader est Garga Haman Adji. Après la réunion de Yaoundé, un comité scientifique a été mis sur pied, lequel était coordonné par Hilaire Kamga, porte-parole de l’Offre Orange. Cet organe devait, en effet, travailler à la production d’un texte de base transformant le G9 en plateforme politique. « Seulement, nous informent Koupit Adamou, membre du bureau politique de l’Udc et Hamza Moctar, cadre de cette formation politique, à la rencontre de validation et de signature au siège de l’Afp, seuls trois partis politiques sur 10 attendus avaient joué aux abonnés présents et avaient ratifié les textes de base donnant naissance au Pacte républicain. Il s’agit de l’Udc, de l’Afp et du Paddec.

Entre autres missions assignées à ce Pacte républicain, figurait celle relative à la fédération des compétences, des expériences et des moyens lors des élections locales. L’objectif principal consiste à s’abstenir de toute rivalité politique. Toute chose qui accroît les chances des meilleurs résultats. En 2013, lors du double scrutin législatif et municipal, la coalition de ces trois formations politiques de l’opposition camerounaise avait présenté des listes communes au point d’engranger, au finish, des postes de conseillers municipaux dans les communes d’arrondissement de la ville de Douala. Edith Kabbang Walla, présidente nationale du Cpp, est conseiller municipal à Douala 1er. Mongwat Ahidjo, Secrétaire national à la communication de l’Udc, est aussi conseiller municipal à la commune d’arrondissement de Douala IIème. Sanctionné entre-temps, le Paddec s’était retiré. Malgré tout, Jean de Dieu Momo, leader du Paddec, était devenu conseiller municipal à Douala Vème. L’Union pour la fraternité et la prospérité (Ufp), dont le leader national est Olivier Bile, avait adhéré, plus tard, en 2016 à ce Pacte républicain.

Le développement argumentatif, qui vient d’être fait supra, consiste à démontrer la force coercitive des alliances et des coalitions en politique surtout lorsqu’elles ne sont pas, éminemment, individualistes, opportunistes et clientélistes. Après le premier test de la Présidentielle 2018, à laquelle a concouru la coalition Mrc et alliés, le 2ème test sera fait pour cette coalition lors des Municipales et Législatives si jamais ces échéances sont programmées en février 2020. Autour de qui la coalition Mrc et alliés sera alors bâtie dans les prochains mois ? Autour du Mrc de Maurice Kamto, du Mpcn de Paul Eric Kingue, du Mouvement Agir de Christian Penda Ekoka ou, a contrario, autour de la Dynamique de Albert Dzongang ? La coalition Mrc et alliés peut-elle évoluer sous le modèle du Pacte républicain pour augmenter les chances de conquête des postes électifs à la députation et aux municipalités ? Les deux types de coalition peuvent-ils se fédérer, au demeurant, pour accroître les chances d’obtention de postes électifs lors des prochaines échéances électorales ? Le débat est, d’ores et déjà, ouvert sur ce questionnement.

Le Don King

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Mot à wou à wou!


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