Après 20 mois de prison, Maurice Kamto est allé raccompagner son premier Vice-président Mamadou Mota dans son Tokomberé natal. C’est avec triomphe et liesse populaire qu’il a été accueilli. Dans une tribune publiée sur Facebook le dimanche 14 février 2021, le politologue Siméon Roland Ekodo Mveng pense que la prison a rendu le président du MRC et son premier Vice-président renforce leur affection populaire.
La prison politique a donné à Mamadou Mota et Maurice Kamto le visage angélique des martyrs de la république et la démocratie. Au sens liturgique, la sortie des chefs de file du MRC du mouroir de Nkodengui apparaît aux yeux de l’opinion comme une victoire sur l’injustice du régime, mais également comme une résurrection messianique porteuse de changements imminents. La liesse populaire et l’accueil triomphales symbolisent qu’ils ont passé avec succès le rite de maturation par les brimades et qu’on les intronise désormais à la base comme des métronomes d’une opposition et d’une populocratie révolutionnaire de cassation et d’implosion du RDPC dans tous ses bastions historiques de l’extrême Nord, du Nord, de l’Ouest et du Centre. Au-delà du bilan médiocre du système et de la soif générale de changement chez les jeunes impatients, mêmes ceux qui n’aimaient pas les idéaux et les acteurs du MRC vont désormais les apprécier par compassion, suivant le juste mot qu’Aristote a appelé l’inclination Affective. J’ai écrit sur Facebook, il y a deux ans, pendant que certains propagandistes du régime requerraient la perpétuité pour les marcheurs pacifiques de Douala, que la gouvernance par le carcéral sera contre-productive pour le renouveau, autant qu’elle érodera substantiellement le peu de légitimité qui lui restait. Je fais encore la prophétie aujourd’hui, que quand Mebara et Marafa sortiront de prison, le système sera dans l’agonie ou dans le suicide en espérant qu’il ne tombe pas avant cette échéance.
Siméon Roland Ekodo Mveng, Politologue