Le deuil est une combinaison de douleur mentale, d’émotion forte et de la confusion résultant de la perte d’un être cher. Vous pleurez la perte de cette personne, et vous pleurez pour vous-même.
Perdre un conjoint ou un être aimé est possiblement l’une des épreuves les plus difficiles à vivre. Personne ne peut vous dire comment vivre votre deuil. Très souvent, des cérémonies d’Adieu sont organisées pour accompagner le défunt à sa dernière demeure. Ceci est une expérience totalement personnelle et l’ampleur de la cérémonie dépend des familles, des croyances religieuses et bien d’autres.
Cependant en Afrique et au Cameroun en particulier, plusieurs activités commerciales informelles se sont greffées à cette cérémonie traditionnelle funèbre autrefois très sobre. Le deuil est devenu ce grand marché ou chacun vient exposer et vendre sa marchandise. Et comme ce genre d’activité draine toujours de personnes peu recommandables, le deuil se transforme quelquefois en scène ou en spectacle : c’est un tel qui se plaint d’avoir perdu telle chose, c’est une autre personne qui se plaint que sont appareil lui a été volé et que sais je encore ?
Au Cameroun et précisément à l’ouest du pays, chaque fois qu’un deuil est annoncé, immédiatement un marché est créé à l’occasion. Vendeur de boisson ambulant, écraseur ambulant d’épice, vendeur de vivres frais, vendeur de tubercules ou de fruits occupent l’entrée de la maison endeuillée ou alors le stade le plus proche si c’est le lieu ou se déroulera la cérémonie. Et comme cette habitude est devenue coutume, même les personnes ayant effectuées le déplacement pour prendre part à la cérémonie funèbre répondent favorablement à l’appel lancé par ces commerçants. Et c’est ainsi que vous verrez des élites et autres personnes ayant pris part à la cérémonie trainant avec eux lors de leur voyage retour, des bagages énormes pleins de vivres achetés sur place. Ainsi donc, le deuil leur a été plus une occasion de se faire bon marché que de se lamenter de la disparation de défunt. Quel triste constat !
Les deuils à l’Ouest du Cameroun se confondent de plus en plus en cérémonie festive et défilé de mode. La course « à celui qui organisera le plus grand deuil » est lancée et la palme d’or très disputé. D’énormes sommes sont dépensées par des citadins venant des grandes villes et de la diaspora. C’est l’occasion pour ces derniers de véritablement « pleurer le défunt » et ceci à travers la somme d’argent qu’ils dépenseront dans les bars et snack pour étaler leur moyens d’existence ou pour montrer qu’il existe bel et bien un fossé entre le pays et l’occident.
Cependant le village ploie dans une misère indescriptible. Une fois le deuil terminé et les élites repartis dans leurs 4X4, le village redevient ce qu’il a été. Les villageois rentrent dans leur mode de vie quotidien en attendant le prochain deuil et par la même occasion prochaine visite du village par les élites et la diaspora. Voila ce que signifie pleurer le mort aujourd’hui au Cameroun. S’il s’agit du décès de ton père par exemple, si tu n’as pas fait boire les gens à suffisance et même si contre toute attente tu as fais couler toutes les larmes de ton corps, tu n’as pas pleuré ton père !
Franck Kemayou Njekoua, étudiant à l’Université de Dshang