La SCB Cameroun, filiale du groupe marocain Attijariwafa Bank envisage procéder au démantèlement de l’usine de transformation du cacao de l’homme d’affaires Emmanuel Neossi, basée à Kekem. Dans une tribune publiée sur Facebook le vendredi 27 novembre 2020, Anne Féconde Noah Biloan porte-parole du PCRN parle de cette actualité et pense que le gouvernement de la république doit faire le nécessaire pour sauver Neo Industry.
Lebledparle.com vous propose le texte intégral.
Le gouvernement de la république doit faire le nécessaire pour sauver Neo Industry, le Cameroun y gagnerait.
Les déboires du promoteur de cette entreprise avec ses créanciers n’importent que moyennement à l’heure actuelle, la moralité questionnable qu’une certaine presse lui prête aussi.
Pourquoi(1) et comment (2)?
1- Pourquoi le Gouvernement de la République doit sauver NEO INDUSTRY?
De ce que j’ai compris, NEO industrie a échoué à l’étape 1e de toute grande réalisation, celle de la maturation du projet. C’est ailleurs le cas de la majorité des grands projets locaux, fussent-ils financés sur le BIP (et assimilés). Par exemple, lorsqu’on a une route prévue pour être construite en 3 ans et que 6 ans plus tard la moitié n’est pas réalisé, que les co-contractants multiplient des avenants, il y’a généralement 2 raisons ; la première est le mauvais partage des retro commissions et tout ce qui se rapporte à notre « mapartisme » local. On a donc des hauts commis de l’Etat qui plombent des projets d’intérêt général parce qu’ils n’ont pas eu leurs parts. La deuxième est le fait de lancer des projets immatures, c’est-à-dire sans s’être assuré de la disponibilité de toutes les ressources (matérielles, financières, techniques, humaines) utiles pour la réalisation de toutes les étapes .Quelques fois, l’Etat du Cameroun se retrouve à rembourser des intérêts sur des emprunts dont les crédits n’ont même pas encore été utilisés, parce que les projets visés ont été engagés trop tôt, et que les étapes de consommations des crédits alloués par les bailleurs de fonds ne sont pas encore atteintes aux dates d’échéances.
Pour en revenir au cas de NEO industry qui est certes une entreprise privée, le projet aurait été engagé sans que l’étape déterminante consistant à garantir la disponibilité de la matière première ait été assurée. Le promoteur a subodoré qu’il pourrait régler la question de la production plus tard. Ce fut une grosse erreur.
Cela dit, combien d’usines de l’envergure de celle de KEKEM avons-nous au Cameroun actuellement? Combien d’emplois directs cette usine a-t-elle créés? Combien d’emplois indirects peut-elle potentiellement créer ? L’une des causes permanentes du déficit de notre balance commerciale est l’exportation des matières premières à des coûts dérisoires sur lesquels nous n’avons aucune emprise, parce qu’ils nous sont imposés par le marché mondial .NEO industry Propose enfin de transformer localement le cacao pour proposer des produits finis à l’exportation, ce qui permettrait de vendre le label Cameroun à l’étranger, mais aussi de vendre à de meilleurs couts . Dans ce domaine ; c’est une première. L’industrie a apporté le développement à la ville de KEKEM, elle est plus belle. L’activité de NEO industry est de nature générer des impôts et taxes pour le trésor public (TVA,IS,Retenues sur salaires, taxes locales etc). Toutes choses (non exhaustivement citées), qui justifient que ça devienne un problème camerounais et que les gouvernants sauvent cette entreprise. Elle a beau être privée au départ, le succès de ce projet ferait du bien à notre économie et à l’image de notre pays à l’extérieur. Mais encore lorsqu’on sait le nombre de gros projets ayant nourri les citoyens d’espoir pour échouer lamentablement après, aider NEO industrie à se maintenir briserait peut être le signe indien…
2-comment l’Etat devrait procéder ?
Hypothèse A : Si l’Etat dispose de ressources financières
-Prendre des participations dans une société de projet créée par NEO industrie. L’apport de l’Etat peut consister à court terme à racheter aux producteurs locaux une partie de leur production de cacao destinée à l’exportation afin de fournir l’usine en matière première ou tout simplement en une avance de trésorerie. Evidemment, un pacte d’actionnaires devrait prévoir que les postes financiers et assimilés soient contrôlés par l’Etat le temps qu’il assure le retour sur son investissement, et se retire de l’actionnariat .Ces mesures conjoncturelles vont permettre au promoteur de renégocier les échéances de remboursement avec les créanciers de l’Entreprise, et de trouver une solution à la disponibilité de la matière première sur le long terme. D’ailleurs l’apport de l’Etat peut consister à mettre à disposition de cette entreprise des terres appartenant véritablement au domaine public.
Hypothèse B : Si l’Etat ne dispose pas de ressources pour prendre des participations
Le gouvernement de la république doit interdire l’exportation des fèves à chaque saison cacaoyère, tant que les quantités nécessaires au bon fonctionnement de l’usine de KEKEM n’ont pas été garanties à NEO Industry, pour une période approximative de 4ns. Dans une telle hypothèse, charge sera au Ministère des finances de veiller au rapatriement des recettes de NEO industry au Cameroun, pour réduire le déficit des devises dû à la réduction des exportations des fèves.
Ces approches de solution ne sont pas les seules, il y en a sans doute d’autres, l’essentiel est de soutenir cette entreprise qui est un fleuron national, de sauver les recettes et les emplois. Malgré tout, c’est un projet ambitieux, courageux et rentable, c’est un bon risque.
Ce sont les investissements privés qui développent un pays, le Cameroun doit donc protéger ses hommes d’affaires, il faut ailleurs en fabriquer beaucoup d’autres.
Nb: Des plans de sauvetage doivent être systématiques pour les entreprises du même ordre chaque fois qu’Il reste des meubles à sauver.
Anne Féconde