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Tribune : Les crises dévoilent la nudité des sociétés

Makon Dr

Une crise est un moment très difficile dans la vie d’un homme, d’un groupe ou d’une société. C’est une période marquée par un tumulte profond ou un trouble grave. Dans le langage courant, une crise s’entend d’une phase de graves difficultés, de grandes complications d’une maladie ou d’une situation.


Makon Dr
Richard Makon – capture photo

Dans cette perspective, le monde entier depuis des millénaires ne connait que des périodes de crises, partielles ou générales, ces dernières décennies surtout. La société globalisée est en plein effondrement, le monde technologique a enclenché le mode autodestruction, une résurgence sans précédents des conflits internes et internationaux obscurcit le ciel de nombreuses nations, et l’on assiste, impuissants, tant à la démultiplication des révoltes populaires qu’à l’avènement des formes nouvelles et variées d’impérialismes.

Ce contexte international de crises est marqué par la persistance des inégalités, la dégradation de l’environnement, l’explosion des conflits financiers et commerciaux, la généralisation des incertitudes et la permanence de la violence et des conflits en divers points du globe, la multiplication des épidémies et pandémies de toutes sortes.

Et c’est dans ce contexte propice aux déséquilibres divers que le monde entier, dans une fragilité absolue, vit depuis bientôt quatre (04) mois une grave crise sanitaire causée par la pandémie du nouveau Coronavirus. Et comme chaque crise, au-delà de raconter l’histoire de la vitalité des peuples et leur résilience, dévoilent aussi la nudité des sociétés, c’est pourquoi les fragilités systémiques, organisationnelles et managériales des Etats africains, en l’occurrence le Cameroun, sont révélées aux yeux du monde.

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Justement le cas du Cameroun, empêtré au moins dans deux (02) décennies de crises multiformes (sécuritaire, politique, économique, sociale, morale et identitaire), est assez éloquent, tant le pays a du mal à draper sa nudité hideuse. En effet la crise actuelle du nouveau Coronavirus a mis à nu des drames et d’immenses fragilités.

Premièrement le drame de l’hôpital, singularisé par la vétusté des ouvrages et des installations sanitaires, l’archaïsme des équipements et des plateaux techniques et technologiques, la rareté des médicaments dont plus de 70 % de ceux en circulation sont le produit de la contrebande et de la contrefaçon, l’emprise de l’amateurisme et de la négligence, le règne de la corruption, et plus dramatique encore le sous-effectif criard du corps des personnels soignants.

Ce drame national est illustré par le fait que soixante (60) ans après l’indépendance, le Centre Pasteur de Yaoundé est la seule institution, pour le pays tout entier, à pouvoir garantir la fiabilité des résultats de l’analyse d’un échantillon prélevé dans un point du triangle national.

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Deuxièmement le caractère quasi médiocre de la recherche scientifique institutionnelle, le grand absent du débat sur la recherche des solutions éventuelles de sortie de cette crise : centres de recherche à l’abandon, laboratoires délabrés, équipements vétustes et obsolètes, chercheurs vivant dans une précarité inouïe.

Troisièmement le niveau d’insouciance, d’inconscience et surtout d’indiscipline des camerounais, gouvernants comme gouvernés, difficilement mobilisables pour une cause d’intérêt commun.

Mais puisque chaque crise est une opportunité de réforme et de progrès, vivement que les survivants à cette grave crise en profitent pour inventer un Cameroun nouveau.

Dr Richard Makon

Chronique précédemment parue à  »Mutations »


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