Dans une tribune publiée le mardi 30 novembre 2021, l’analyste politique et économique Louis Marie Kakdeu parle de la vie chère à l’approche des fêtes de fin d’année 2021 au Cameroun. Il affirme que le marché camerounais est inondé des produits qui nuisent à la santé des camerounais et indexe le gouvernement.
Lebledparle.com vous propose le texte intégral.
Fêtes de fin d’année au Cameroun : Choisir entre la vie chère ou la mort !
Par Louis-Marie Kakdeu
Selon l’Enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (ENSAN) menée par le MINADER, le PAM, la FAO, PU et ACF/SI en septembre 2020, la situation de l’insécurité alimentaire au Cameroun s’est détériorée, passant de 12.8% de la population en 2019 à 20.4% en 2020. Ce qui m’intéresse, c’est que l’insécurité alimentaire dont on parle résulte essentiellement d’une consommation alimentaire inadéquate et cela touche 10.7% de la population. Ce sont des chiffres officiels mais, c’est déjà suffisamment préoccupant ! Je m’intéresse donc aujourd’hui à ce que les Camerounais mangent et aux conséquences sur leur santé. Je m’intéresse surtout à la qualité des aliments disponibles sur le marché.
L’empoisonnement des pauvres camerounais !
Comme le dit l’adage populaire au Cameroun, le moins-cher est cher, ou pire, le moins-cher tue ! En l’état, le plus gros casse-tête au Cameroun n’est pas de trouver un produit quelconque sur le marché local ; le plus dur est de trouver un produit de bonne qualité. En moins de 30 ans (depuis 1995), le marché camerounais est devenu un dépotoir des produits non-contrôlés et impropres à la consommation humaine. L’on entend souvent dire que c’est pour lutter contre la vie chère. Dans l’actualité, on entend le gouvernement dire que c’est pour s’assurer de la disponibilité des produits en fin d’année.
Consciemment ou non, le gouvernement camerounais est complice de l’empoisonnement de sa propre population. Qui est sûr de la qualité de quoi aujourd’hui ? Y a-t-il encore du vrai sur le marché ? Par où passe le faux pour envahir tant le marché ? Et que fait le gouvernement pour protéger les populations contre le faux ? Deux catégories de personnages dangereux pour la population se partagent allègrement ce marché des faux produits : les commerçants véreux et les agents publics corrompus. Ces sinistres personnages malheureux s’arrangent à rendre disponible le faux qu’ils revendent au prix du vrai en vue d’empocher quelques fois plus de 1000% de bénéfice. Dans le secteur de l’alimentation qui m’intéresse au premier chef, combien de drames suite aux cancers, AVC, diabètes et autres maladies chroniques pleurons-nous chaque jour dans nos familles sans savoir que tout cela dépend en majorité de ce que nous mangeons ? Qui ne se rappelle pas ces scandales de riz en plastique, de poissons pourris (décongelés et recongelés), etc. Qui a encore confiance aux boissons en canette ? Un malta ? Non, merci ! Un bon vin ? Non, merci ! Un comprimé en pharmacie ? Pas sûr ! Quel est ce pays où il n’y a plus de repère? Où l’on est en insécurité totale!
Travaillant uniquement sur le poulet, l’ACDIC avait pu faire analyser par le Centre Pasteur de Yaoundé 200 échantillons prélevés par voie d’huissier sur l’ensemble du territoire national et le résultat faisait état de ce que 83,5% étaient impropres à la consommation humaine. Cela avait conduit à l’interdiction de l’importation des poulets congelés. Mais, le gouvernement des prédateurs n’en avait pas tiré les leçons adéquates pour protéger les populations innocentes contre l’ensemble des produits avariés et contrefaits. Fallait-il encore faire des manifestations publiques et d’autres analyses à nos frais pour que le gouvernement se rende compte que le poisson congelé vendu au Cameroun est autant impropre à la consommation humaine que le poulet congelé ? Vous avez vu les conditions de vente sur les marchés ? Les congélateurs toujours ouverts dans les poissonneries ? Que faut-il encore au gouvernement pour frapper du poing sur la table ? L’autopsie des morts ? L’analyse du Centre Pasteur avait révélé la présence des salmonelles. Cela concordait avec les motifs des consultations contenus dans les registres de consultation de nos hôpitaux : Maux de ventre, nausées, vomissements, diarrhée, etc. Voilà les maladies nationales au Cameroun. En fait, il s’agit de l’intoxication alimentaire des populations par les commerçants et politiciens véreux !
Stopper la logique de la prédation!
Jusqu’ici, le gouvernement sacrifie l’ensemble de la population pour enrichir une poignée d’individus qui le prennent en otage. Ils ont un dénominateur commun : ils sont tous des importateurs invétérés. Ils sacrifient la production nationale au profit de l’importation massive. Ils n’ont investis sur aucun m² au Cameroun si ce n’est dans la distribution, c’est-à-dire, dans le maillon où l’on crée le moins de richesse dans une économie. On ne peut pas les laisser empoissonner éternellement les populations locales. Il ne faut pas seulement garantir la disponibilité des produits pendant les fêtes de fin d’année. Il faudra surtout exiger la présentation des certificats sanitaires. Les bonbons et autres biscuits que nos enfants mangent sont de qualité douteuse. On ne pourra plus laisser faire pour souffrir après de la fragilité du système immunitaire de nos enfants. C’est à nous de choisir entre politiser tous les sujets et avoir quelques domaines réservés d’intérêt collectif.
Bonne journée,
LMK