Le climat dans le landerneau politique africain et camerounais est imbibé de haine. Cette situation n’a pas laissé indifférent l’universitaire Louis Marie Kakdeu qui a commis une tribune pour souligner la nécessité d’une éducation politique. Cette éducation politique va permettre selon lui de bannir la haine et la rancune en politique. Et comme tel, les africains ou les camerounais n’apprécieront plus les politiques sur les éléments qui ne font pas avancer, plutôt sur la base du projet politique.
Cameroun: L’indispensable nécessité de l’éducation politique
La plupart de temps, nos citoyens entreprennent de faire foule mais, en marge de leurs intérêts. La peopolisation de la politique et le populisme tendent à faire oublier les vrais enjeux du changement. L’idéologie politique cède la place à la mise en scène des individus. Par exemple, si tout le monde constate que Paul Biya a passé 40 ans au pouvoir sans être en mesure de combler la demande du pays en électricité, le débat politique alternatif ne va pas dans le sens de savoir comment électrifier le pays en un mandat de 5 ou 7 ans. Non! L’on entend dire qu’il faut se mobiliser pour barrer la voie à Franck Biya, à Kamto, à X ou à Y, indépendamment de ce qu’ils pensent, font ou proposent pour le changement effectif de la société. Pendant qu’aux USA, les Bush et les Clinton peuvent revenir librement en fonction de leurs projets pour leur pays, les Africains donnent leurs vies pour ou contre les individus qui proposent souvent le même programme. Je prends toujours le cas de Gbagbo et de Ouattara dont les projets de société s’appelaient « original et photocopie » en 2010. Pourtant, plus de 3000 morts pour les uns et 10000 morts pour les autres sont morts pour obtenir la même chose.
Dans un camp comme dans l’autre (opposition ou pouvoir), la politique de la haine ne nous aidera pas. Au lieu de soutenir que si Franck Biya veut être Président (puisqu’il en a le droit), qu’il nous présente son projet afin que l’on mette dans la balance, nos apôtres du changement expliquent qu’il faut lui barrer la voie, tout simplement parce qu’il a commis le crime d’être le fils de l’autre. On décrète ainsi dans un pays qui dit vouloir la liberté et la démocratie, d’exclure un citoyen sur la base de ses origines. Encore et toujours des projets identitaires.
Non, mes chers amis, ce n’est pas cela le changement. Ce genre de projets identitaires ne permet de construire ni les routes, ni les écoles, ni les hôpitaux, etc.
Une fois de plus, nous ne voulons pas chasser Biya pour être pire que Biya. Nous ne pouvons pas chasser Biya pour instaurer la rancune. Nous devons rêver une fois pour toute d’une société libre et compétitive. En l’état, vous faites peur à la majorité silencieuse et aux détenteurs d’enjeux, et vous ne pouvez pas gagner. Pour gagner, il faut rassurer, ratisser large, accepter des compromis. Pour rassurer, il faut être pertinent: répondre aux besoins et attentes des citoyens. De nos jours, les Camerounais ont marre de la stigmatisation. Ils veulent « falla » tranquillement leur « nyama » et c’est tout ! Dites-leur ce qu’il faut faire et que Biya ne fait pas, et ils vous suivront!
LMK