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[Tribune] Notre 20 mai symbolise une unité nationale de façade !

Saint-Eloi Bonaventure Bidoung dans un coup de gueule publié le mardi 20 juin 2023 sur Facebook, parle de l’unité nationale du Cameroun. Il pense que cette unité s’est brisée depuis et le 20 mai est un symbole de notre unité nationale de façade. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Monument reunification
Monument de la Réunification du Cameroun - DR

Un regard autour de soi suscite inéluctablement la question de savoir de quelle unité nationale parle-t-on en ce fameux jour ? Les parades du 20 mai en guise de célébrations de  «  de l’unité nationale » ne le sont que parce que des citoyens se réunissent et sont des compatriotes pendant une journée, une journée seulement sans plus ! Puisqu’après, des choses reviennent tranquillement à l’habituel, à la normale. La vérité est que le  Cameroun a mal à son unité nationale; ce n’est d’ailleurs qu’un éphœmisme. Le  rêve ou l’espoir d’unité s’est depuis brisé  et le 20 mai entretient  une utopie, un slogan creux de campagne électorale, ou un leurre distrayant. Parlons  du « Vivre ensemble », un slogan qui n’a d’ailleurs été qu’un vœu. Ceux qui l’ont formulé souhaitaient que l’impossible soit possible. Ils ont probablement pensé que les autochtones de Yaoundé vont vivre sans hypocrisie ni ressentiments envers les allogènes venus de la Région de l’Ouest. Ils croyaient que les allogènes venus de la Région de l’Ouest viendraient vivre, avec sincérité, sans quelques actions de spoliation, aux côtés des autochtones de Yaoundé. Un regard clairvoyant voit bien que tout cela est impossible. D’un côté s’est installé la haine tandis que de l’autre, se lit un mépris sans égal.

En 2021, les autochtones de Yaoundé avaient envoyé un mémorandum au ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières pour dénoncer l’envahissement de leur terroir par les bamilékés. Ils ont fait preuve  d’audace pour attaquer ainsi l’unité nationale, et le « Vivre ensemble ». Une grande inimitié  s’est révélée au grand jour, exposant la défaite de l’unité nationale et du « Vivre ensemble » dans la capitale politique, siège des institutions.

Pourrait-on alors parler du « Vivre ensemble » quand des tribus d’une même région se désignent par des épithètes méprisantes ? Les bétis et  bassas, à Yaoundé, ne se supportent t’ils pas avec douleur?

Comment vivre ensemble lorsque les « nangas », du fait de leurs positions de pouvoir dans le pays, snobent les ewondos dans leur village?.

A Douala, les autochtones ne cachent plus leur  aversion, dégout, répulsion, antipathie pour les allogènes! Ils en parlent, ils protestent, ils revendiquent à cors et à cris, à gorges déployées  l’ambiance délétère ! On dirait bien qu’ils les expulseraient à coup de balais s’ils le pouvaient !

Le « Vivre ensemble » a déjà  été jeté dans le Wouri et personne, chez les autochtones de Douala, ne pense à aller le repêcher.

A l’Ouest, la cohabitation est impossible entre des communautés provenant de la même souche ethnique!!!

Cela tourne généralement au drame. Les affrontements intercommunautaires fréquents et violents dans l’Extrême-nord, entre arabe-choas et kotokos nous montrent régulièrement ce que c’est que le « Vivre ensemble », mieux encore ce que c’est que « l’unité nationale ». Nous voyions encore pire dans la Région de l’Est, où les bayas sont sur le pied de guerre de manière permanente contre d’autres communautés qui le leur rendent bien. Ils manifestent, à leur manière, leur compréhension des notions de « Vivre ensemble » et de « Unité nationale ».

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Qui ne se souvient de l’expulsion dure des ressortissants de la Région de l’Ouest, de la ville d’Akonolinga, dans la Région du Centre, il y a quelques années?  Tel des gens venus d’un autre pays, voire d’une planète lointaine?. On se souvient encore des affrontements entre bamilékés et bamouns à Foumban? Il y a eu des blessés et des morts parce que le « Vivre ensemble », fondement de l’unité nationale était et reste impossible à réaliser autour du palais du sultan.

Dans la Région du Sud, nul doute que le Président de la République, en sa résidence à Mvomeka’a, entend les joutes des querelles régulières dans les sous-tribus boulous, les clivages entre les boulous de Sangmélima et ceux d’Ebolowa! L’exemple témoin du « Vivre ensemble » devrait pourtant venir de là. Et donc de l’unité nationale. On ne reviendra pas, par pudeur, sur ce que les ressortissants d’autres régions, principalement de la Région de l’Ouest (Bamoun) viennent de subir hier dans cette Région du Sud. Un véritable flagrant déni de l’unité nationale.

La crise anglophone

Un pays jadis « un et indivisible » s’est fracassé en deux morceaux difficiles à recoller depuis bientôt sept ans. Même le sang de plusieurs centaines de morts n’a pas pu servir de glu pour rapiécer le Cameroun. Dans ce cas regrettable de la crise dite anglophone, le « Vivre ensemble » se définit dans la conjonction des bombes artisanales des uns et les kalachnikovs des autres. L’unité nationale est morte dès les premières attaques. Son existence est déjà sortie de la mémoire collective. Ce sont désormais deux Etats qui s’affrontent : l’un fantoche et l’autre fantasmagorique. Et les fantasmes sont des deux côtés. Cela rend difficile l’espoir d’une autre unité nationale, celle-là plus renforcée que celle qui a été assassinée par une bombe artisanale dans un bush.

La difficile unité

Du temps où les remaniements existaient encore dans ce pays, les camerounais scrutaient à la loupe les « répartitions » des ministres. Ceux des régions qui en ont eu moins que d’autres s’en plaignaient alors et estimaient qu’ils avaient été lésés au profit d’autres. Du coup, ils ne se sentaient plus camerounais à part entière. Il   ne fallait plus parler à ceux-là d’unité nationale. C’est que les camerounais sont dans un triangle dont les points sont la méfiance, la compétition et la stigmatisation. Pour exemple, on se méfie des ressortissants de la Région de l’Ouest pour leur capacité commerciale qui leur permet d’avoir une emprise sur d’autres Régions, Jusque dans les villages! Les camerounais sont en compétition partout. Par le tribalisme et l’ethnicité, ils se contrôlent sur l’échiquier politique, dans l’armée, dans les concours dans les grandes écoles ; au sein des Lions indomptables, dans l’administration! La stigmatisation est vite arrivée, conduite par l’antagonisme entre allogènes et autochtones. Le résultat donne un chemin escarpé à l’unité nationale.

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Et la fête du 20 mai ?

Oui, nous devons nous réjouir de ce jour. Nous devons penser à cet idéal que nous voulons voir se réaliser. Celui de la concrétisation du « Vivre ensemble », socle de l’unité nationale à laquelle nous aspirons. Pour qu’un ewondo n’appelle plus, avec un mélange de haine et de méfiance, un bamiléké « man nguelafi ».  Pour que le bamiléké n’appelle plus l’ewondo, sous un ton empreint de mépris et de répugnance, «  Nkoak ». Afin que les intrépides casseurs de la « Brigade anti-sardinards », pour la majorité originaire de la Région de l’Ouest, embrassent les artistes musiciens originaires des Régions  du littoral, du Sud et du Centre qui vont faire des prestations en Europe. Qu’ils noisy dispensent  des spectacles de désolation livré en direct à Grace Decca  à Paris et à Londres ;  malgré qu’elle soit, l’épouse d’un bamiléké!!

Ce sera alors l’unité nationale que nous souhaitons, qu’ils souhaitent  je crois. Alors le « Vivre ensemble » sera réel et profitera à tous.

Il faut peut-être un véritable Grand Dialogue, celui Inclusif du troisième type non semblable  à la foire à larrons à laquelle nous avons naguère assisté où trois individus se sont mis en exergue….  Cardinal Tumi, Atanga Nji et John  Fru Ndi.

On s’était cru dans un scénario du célèbre film «  Le Bon, La Brute et Le Truand ». Un folklore qui fit alors le lit à l’unité de façade  qui désormais a  droit de cité dans ce triangle devenu continent !!!

 


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