Depuis quelques jours, le journaliste Paul Mahel multiplie des tribunes politiques sur l’Afrique et le Cameroun. Dans la tribune livrée le lundi 10 mai 2021, il parle de Franck Biya et du mouvement des Franckistes. Il ne trouve pas un problème à la candidature de Franck Biya, mais souhaite que celui-ci se prononce sur le mouvement qui porte son prénom.
AU NOM DU PERE ?
Réputé discret par tous ceux qui arpentent les arcanes du pouvoir, Franck Emmanuel BIYA défraie la chronique depuis quelques mois déjà, à la faveur de l’activité débordante du Mouvement Citoyen des Franckistes pour la Paix et l’Unité du Cameroun. Encore méconnu il y a seulement quelques mois, ce mouvement qui arrive après le « Biyaïsme » et le « Chantalisme » (en référence aux mouvements de soutien au Chef de l’Etat et à la première dame), et qui augure certainement du « Brendaïsme » et du « Juniorisme » (Ben Oui pourquoi pas?)… ce mouvement disais-je, n’ambitionne ni plus ni moins que d’accompagner le fils aîné du Président de la République à l’accession à la magistrature suprême de notre pays. Faut-il également préciser que l’exacerbation de cette agitation survient au moment où, la succession au sommet de l’Etat, jadis tabou, est de plus en plus d’actualité, ce alors même que le mandat en cours en a encore pour 4 ans.
Cette suractivité dudit mouvement suscite des réactions diverses au sein de l’opinion publique nationale et même international. Certains y voient une pure manœuvre de distraction pour permettre aux adeptes de la succession de gré à gré de bien préparer le coup fourré qu’ils projettent. Pour d’autres par contre, il s’agit bel et bien d’une volonté manifeste du régime actuel de passer le pouvoir au fils en guise d’héritage et assurer ainsi la continuité des affaires. Ne disent-ils pas qu’après Biya ce sera toujours Biya. Il est à ce jour très difficile de se faire une idée précise, ce d’autant plus que l’intéressé lui-même ne s’est pas prononcé sur la question, remettant ainsi au gout du jour, le vieille adage qui veut que qui ne dit rien soit consentant.
Monsieur Franck Emmanuel Biya est un citoyen camerounais, jouissant de ses droits civiques et qui intrinsèquement, remplit certainement les conditions requises pour être candidat à la magistrature suprême de son pays, comme tout camerounais normal. Ce droit personne ne peut le lui contester. Il devra pour cela, être investit par un parti politique légalisé, déposer officiellement sa candidature avec tout ce que cela comporte, battre campagne pour convaincre ses compatriotes et se soumettre au suffrage universel etc. Ce cheminement respecté, si Monsieur Biya Franck Emmanuel est choisi pas ses compatriotes pour présider aux destinées de la nation (Attendez, nous parlerons du code électorale plus tard), personne ne le lui contestera. Pas moi en tout cas.
Par contre l’Idée qui semble totalement abjecte et incongrue, c’est de penser que Franck Biya devrait être Président parce que son père l’est ou l’aura été, et qu’il hériterait ainsi du palais d’Etoudi comme il le ferait de la case familiale au village; un peu comme ce fut le cas sous d’autres cieux, que par élégance, je ne nommerais pas. Ainsi il serait peut-être judicieux que le concerné se prononça sur ces initiatives prises en son nom, à moins que la tactique adoptée consiste à attendre la dernière minute pour nous dire « Je réponds à l’appel du peuple ». Si vous me dites que pareil entourloupe a bien marché ailleurs, je vous répondrais que LE CAMEROUN C’EST LE CAMEROUN. Comme on dit dans mon village: « la chèvre ne mord pas certes, mais il ne faut pas lui mettre le doigt dans la bouche pour autant ».