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[Tribune] Polémiques sur la Can 2021 : Les africains fossoyeurs de l’Afrique !

trophee can

Alors que la compétition amorce sa dernière ligne droite et qu’on spécule encore sur les noms des deux finalistes, la coupe des polémiques et des controverses est pleine et déborde déjà. Jamais auparavant, une Coupe d’Afrique des nations n’avait suscité autant de polémiques, de rancœurs et autres attitudes proches de la paranoïa que cette  33ème édition que le Cameroun accueille depuis le 9 janvier 2022. Des controverses parfois inutiles, qu’on aurait pu éviter en se focalisant sur l’essentiel : le qualité du jeu,  la prestation des joueurs, le niveau du spectacle offert, l’ambiance dans les stades et en dehors. Au lieu de cela, on a polémiqué sur tout : l’état des pelouses, les problèmes d’hébergement, la fiabilité des tests anti-covid19, les failles liées à l’organisation, l’insécurité, la probité des arbitres, le favoritisme dont aurait bénéficié le pays organisateur lors de certains matchs, le fanatisme supposé d’un public camerounais au fair-play légendaire, etc. Joueurs de champ, entraineurs, officiels, médias…tout le monde participe désormais au jeu de massacre, certains allant même jusqu’à proférer des injures, des menaces ou à porter des accusations graves à l’encontre de la Confédération africaine de football (CAF).

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Le trophée de la Can – capture photo

A travers les réseaux sociaux, les échanges d’amabilités entre les supporters de certaines équipes donnent froid dans le dos. Il suffit de parcourir quelques sites pour se rendre compte à quel point des Ivoiriens, Camerounais, Sénégalais, Maliens, Gabonais, Guinéens, Burkinabés, plus particulièrement, s’étripent à longueur de journée, étalant à la face du monde les limites honteuses de la fameuse « fraternité africaine » qui s’apparente plus à un slogan creux qu’à la réalité vécue. En tant que pays organisateur, le Cameroun est pratiquement lynché sur la Toile par des étrangers. On critique tour à tour les « mauvaises routes », l’insalubrité dans les villes, la corruption, la mauvaise gouvernance…On semble  désormais très éloigné de ce football qui aurait pu être au centre de tous les débats.  Qu’est-ce qui pourrait justifier tant de suspicions, de jalousie ou de  haine entre les Africains et surtout à l’encontre du Cameroun et des Camerounais auxquels on attribue désormais tous les défauts de la terre et dont la tradition d’hospitalité est pourtant bien connue ? Dans le Triangle national, les étrangers (Nigérians, Sénégalais, Maliens, Nigériens, Tchadiens, Centrafricains plus particulièrement) se comptent par millions et sont souvent mieux traités que les nationaux. Savez-vous que des milliers d’Ivoiriens se sont arrivés principalement à Douala depuis la guerre civile qui déchiré leur pays il y a quelques années ? Du fait d’un match perdu face à l’Egypte, la guerre semble ouverte entre deux peuples qui ne demandaient qu’à s’apprécier mutuellement. Selon certaines sources, l’équipe du Cameroun  dont on supporte désormais tous les adversaires, serait  attendue de pied ferme à la CAN 2023. Quel est son crime ? Mystère. Pour expliquer cette hystérie collective, il faudrait peut-être avoir recours à une psychologue.

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Ce qui se dit actuellement au sujet de la CAN Cameroun 2021 est inimaginable dans un autre tournoi sportif organisée dans une autre région du monde. Même si comparaison n’est pas raison, quelques questions  méritent d’être posées: A-t-on déjà entendu des Européens tirer à boulets rouges sur l’Euro du football ?  Est-il possible pour une délégation d’un pays qui participe aux Jeux Olympiques de critiquer ouvertement le pays d’accueil et le Comité international olympique (CIO) ? Est-il possible pour un joueur, un entraineur ou un officiel d’avoir des gestes déplacés ou de tenir des propos diffamatoires à l’endroit de la FIFA lors d’une Coupe du monde de football ? Est-il possible dans une Coupe du monde FIFA de voir une équipe refuser de loger dans un hôtel réquisitionné à l’avance ou d’y débarquer avec plus de personnes que prévu au départ  tout en exigeant une prise en charge totale ? Il n’est pas fréquent d’entendre un commentateur sportif français ou espagnol descendre en flammes l’équipe nationale de son propre pays lors d’une compétition comme le font certains  Camerounais d’origine sur les ondes des chaines de télévision internationales ? Dans la même logique, il est rare d’entendre un Européen ou un Sud-Américain trainer dans la boue des icônes comme Pelé, Ronaldo, Zidane, Johann Cruyff, Beckenbauer, Messi…comme on le fait en Afrique avec  les Milla, Eto’o, Drogba, Nkono, Okocha, Drogba  et tant d’autres. S’agissant de l’arbitrage, combien d’équipes africaines comme le Cameroun, le Nigeria ou l’Algérie ont été frustrées jusqu’ici en Coupe du monde (1982, 1986, 1990, 1998, 2018…) sans élever la moindre protestation ou afficher des gestes méprisants envers les organisateurs et les arbitres ?  Si la pelouse de Japoma se détériore après plusieurs matchs disputés au même endroit doit-t-on en conclure que toutes les pelouses du Cameroun (Bafoussam, Garoua, Limbé, Yaoundé-Mfandena…) sont en mauvais état ? Objectivement, certaines pelouses de cette CAN sont dans un meilleur état que celles de la Copa America disputée récemment au Brésil. La Coupe arabe s’est disputée récemment sous des températures parfois supérieures à 45 degrés. Aucun joueur n’a déploré ouvertement la situation. Les mêmes « vedettes » qui se plaignent  du climat au Cameroun supporteront pire bientôt sans broncher lors de la prochaine Coupe du monde au Qatar. 

Cela dit, la CAN 2021 n’est pas une compétition parfaite. Il existe des lacunes, des manquements qu’on aurait pu corriger à temps. Les Camerounais eux-mêmes auraient beaucoup de choses à se reprocher. L’indiscipline  et l’incivisme qui sont des contre-valeurs largement partagées pourraient expliquer des rendez-vous manqués, des négligences coupables, des dérapages budgétaires ainsi que les drames enregistrés ces derniers jours. Tout en partageant la peine des victimes collatérales, cela  ne saurait justifier cette tendance à monter en épingle uniquement ce qui ne marche pas en Afrique. A tout prendre, il faut reconnaitre que le pays d’accueil a  beaucoup investi sur le plan sportif (7 stades aux normes internationales, des dizaines de terrains d’entrainement), hôtelier, sanitaire, etc. Au regard du nouveau cahier de charges de la CAF, moins d’une dizaine de pays africains sont capables actuellement d’accueillir une CAN à 24 équipes avec tout ce que cela représente comme exigences en infrastructures. Les critiques sont nécessaires dans le sens de l’amélioration mais elles ne doivent pas être systématiques au  point de laisser croire à un acharnement ou à une cabale savamment planifiée pour discréditer cette compétition et l’éventuel vainqueur final. Peu de gens savent que du fait de l’insécurité ambiante, les journalistes camerounais présents à la CAN 2019 en Egypte ne pouvaient pas mettre les pieds dehors sans l’autorisation des services de sécurité et une escorte de la police ? Cela, personne  ne l’a relevé dans aucun média par respect pour le pays organisateur. En Occident, il est interdit de diffuser les images des drames et catastrophes. Par décence ou pour ne pas heurter certaines sensibilités. En Afrique en revanche, tout est étalé sur la place publique, les vivants comme les morts !

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Le plus affligeant dans tout cela : ce sont les Africains eux-mêmes qui sont les plus grands détracteurs de leur continent et du plus grand rendez-vous sportif qui s’y déroule actuellement. Et dire que la tenue de cette compétition aura été incertaine jusqu’u bout du fait des puissants lobbies soutenus par certains pays d’Afrique et auxquels les Africains donnent  malheureusement raison par des attitudes et comportements contraires aux valeurs prônées par leurs traditions. Une chose est sûre : quand des Africains passent le temps à se tirer dessus, cela ne fait honneur ni à eux-mêmes, ni à leur continent. Au contraire ils sont davantage affaiblis et diminués aux yeux du monde. Comme disait le Dr Patrice Motsepe, président de la CAF, les Africains doivent croire d’abord en eux-mêmes, s’accorder un respect mutuel, s’ils veulent se faire respecter par les autres.


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