Comme la plupart des pays du monde entier, le Cameroun a été frappé par la crise sanitaire due au Corona Virus. Il s’en est suivi une batterie de mesures édictées par le Premier Ministre, Chef du gouvernement, M. Dion Nguté. Parmi les treize (13) mesures prises le 18 mars 2020, la fermeture de tous les établissements publics et privés de formation relevant des différents ordres d’enseignement, de la maternelle au supérieur, y compris les centres de formation professionnelle et les grandes écoles. Ces mesures ont été d’abord renforcées, ensuite progressivement assouplies, pour mitiger l’impact de la crise sanitaire sur les populations. Ces mesures d’assouplissement ont ainsi permis l’organisation et la tenue des examens officiels.
Dans la même lancée, malgré l’omniprésence du virus et de la maladie, les autorités camerounaises ont décidé que les camerounais devraient vivre désormais avec le virus et ont ainsi acté la rentrée scolaire pour le 05 octobre 2020. Pour se faire, et gardant à l’esprit l’extrême nécessité de protéger les enfants, des mesures spéciales et spécifiques devraient être prises par les ministères techniques concernés (Ministère de l’éducation de Base, Ministères des enseignements secondaires, Ministère de l’enseignement supérieur, Ministère de l’emploi et de la formation professionnel, etc.)
Ainsi, si pour le Ministre des enseignements secondaires, le principal enjeu de la rentrée scolaire était la maitrise des effectifs en plafonnant les salles de classe à 50 élèves, d’autres mesures étaient prévues, telles que la fabrication de nouvelles tables-banc pour 2 élèves par banc, une approche pédagogique sur un dispositif à trois niveaux comprenant les cours à plein temps, le système de mi-temps et l’approfondissement de l’enseignement à distance. Bien entendu, tout ceci dans le strict respect des mesures de riposte prises par le Gouvernement. En l’occurrence, l’installation des kits de lavage des mains, la mise à disposition des gels hydroalcoolique, le port du masque, etc.
Il faut relever que cette nouvelle approche (mi-temps et cours à distance) suscite des inquiétudes profondes au regard du niveau très bas des enfants après une année scolaire 2019-2020 inachevée et le faible taux de réussite aux examens officiels 2020.
Nous constatons avec regret et désolation que 02 jours après la rentrée scolaire, ces mesures spéciales ne sont qu’une vue de l’esprit dans les établissements scolaires publics. Nous avons été témoin de situations surréalistes en pleine crise sanitaire :
– Pas de dotation des établissements d’enseignement secondaire de thermo flash en nombre suffisant à l’entrée des établissements, favorisant ainsi des attroupements et bousculades des élèves ;
– Pas de dotation en nombre suffisant de kits de lavage des mains,
– Pas de dotation en table banc supplémentaires, on retrouve ainsi les classes où les élèves sont 03 par banc ;
– Pas de dotation des enseignants en gel hydroalcoolique et en masques adaptés pour l’enseignement des tous petits (maternelles et primaires) et ceux du premier cycle.
– Pas d’infirmerie adaptée pour prendre en charge des cas d’urgence,
– De même, l’absence de clarté de la nouvelle approche pédagogique (plein temps, mi-temps, distance) créé des inquiétudes quant à son efficacité et induit par la même, une faible implication des parents d’élèves et des autres acteurs de la communauté éducative dans la vie des établissements scolaires au Cameroun.
Au regard de tout ce qui précède,
Nous demandons au Premier Ministère, Chef du Gouvernement,
– De faire une évaluation urgente de la riposte au COVID 19 dans les établissements scolaires sur tout le territoire national.
– D’instruire ses services techniques concernés, de présenter, d’expliquer et d’impliquer les parents d’élèves et les autres acteurs de la communauté éducative dans la nouvelle approche pédagogique. Ceci permettra de lever les équivoques sur le possible fait que la majorité des enfants seront discriminés (ceux des établissements publics où les effectifs sont énormes et ceux des zones rurales) contrairement aux autres dans les établissements privés. De même, il faut questionner l’efficacité des cours à distance pour les enfants du premier cycle en particulier et pour tous les enfants du secondaire en général au regard du niveau globalement bas de ces derniers.
– De veiller, en relation avec les CTD à ce que les établissements scolaires soient dotés en nombre suffisant de kits de lavage des mains, de thermo flash, etc.
– De prendre les mesures urgentes afin que les enseignants soient dotés de gel et de masques adaptés et appropriés au niveau d’enseignement.
– Prendre des mesures conservatoires urgentes pour le contrôle de l’utilisation des fonds d’Association des Parents d’Elèves et Enseignants (APEE) pour que ces fonds bénéficient effectivement à l’amélioration de la vie dans les établissements scolaires en ce temps de crise sanitaire.
Cyrille Rolande Bechon