Une histoire de plus, qui vient comme un coup de chiffon sur un hip hop k’AMER empoussiéré, à l’heure où un Krotal se prépare à décrocher une « découverte », et que qu’un Stanley Enow vole à la conquête d’un BET.
Voici l’image du Hip Hop du mboa. Se porte-il bien ? Se porte-il mal ? A chacun sa « vision » ; avec autant d’intelligences (comme on peut le constater), c’est même très évident. Mais l’essentiel reste : Le HIP HOP du BLED. Qu’en est-il ? Que faisons-nous, chacun à son niveau, afin qu’il s’impose sur la scène mondiale ? Je m’interroge juste…
En écrivant « son » article, l’auteure a pris le soin d’élaguer les vrais éléments (cognitifs) qui auraient pu mieux dégager sa pertinence, par conséquent, cette dernière s’est exposée aux conditions subjectives de la pensée (Kant in Critique de la faculté de juger, Section II, Dialectique, §74, p210).
Non ! Que le nombre de vues ne vous fourvoie, car bien que personne n’ait influencé l’orientation (j’en suis conscient) de son papier, il serait déraisonnable de ne pas reconnaitre qu’ils sont –encore plus aujourd’hui- nombreux à en vouloir, à tort ou à raison, à celui-là qui est contre vents et marrées, désormais entré dans l’histoire ; elle en fait d’ailleurs mention dans son propos liminaire : « Vous savez que mes critiques ne sont jamais gratuites »… Tenez-vous tranquilles, on sait tout (ou presque) sur le GAME. Ses IN, ses OUT et même ses « à côté ». En voulant nous lancer dans une critique, qui plus est constructive, notre premier réflexe serait de voir l’imperfection avec la bonne volonté évidente de celui dont on « souhaite » l’amélioration (je préfère le mot à Changement). On en décelait une bribe dans un article sur le Clip Hein Père ! du 13 juillet 2013 sur le même site, et ce qui lui avait été reproché–quoiqu’indirectement- (sur un post sur facebook), c’est le manque d’indications, de références en termes des clips Camerounais qui « selon elle » friseraient la perfection, la vision qu’ « elle » a de l’image « camerounaise » à vanter ou à vendre, « clé de l’authenticité » qu’elle veut prôner. Peut-être estimait-elle qu’il n’y en avait pas véritablement… Stanley brille aujourd’hui ; au-delà de nos frontières et même du continent, et sauf aigreur démesurée, c’est tout le mouvement hip hop k’AMER (parce que fort du constat -malheureusement- de l’âcreté de son amertume) et la sphère culturelle camerounaise qui devraient lui en être reconnaissant. Le gouvernement lui, par le biais du Ministère des Arts et de la Culture (Lire ici l’interview de Ama Tutu Muna), a salué le Lion Indomptable du hip hop ; même si des langues bien pendues avaient tôt fait d’estimer que c’était de la « récupération politique »… A la limite on pourrait en rire bien volontiers, mais c’est dommage pour nous autres jeunes qui pestons à tout va que la République n’a que faire de notre mérite, de notre génie. Le mouvement quant à lui, n’en a ressenti la nécessité. Bon, passons…
Ses critiques, elle s’en targue d’ailleurs, seraient alors « constructives et assorties de conseils professionnels ». On en déduit là une forme de communication de sa part, dans laquelle elle essaye de corriger le comportement des artistes (grimaces et gimmicks) et leur gestion, leur exigeant de ce fait une bonne « direction artistique » ; son article sur Hein Père ! (cité plus haut) est clair là-dessus. Mais celui qui nous interpelle, depuis sa publication lundi dernier (06 Octobre 2014), suscite pas mal d’interrogations. On peine vraiment à y repérer quelque approche diplomatique (afin que le destinataire soit lui-même convaincu de son objectivité), ce qui biaise illico son (de l’auteure) supposé processus d’offrir un avis valide, de bon sens, avec l’intention d’aider le lecteur à mieux comprendre, l’artiste, son équipe et le même monde. Elle s’est plutôt risquée de traiter le public Camerounais de « pas encore mature pour ses goûts musicaux » ; certainement viendra également le moment où elle traitera celui africain ou même américain d’inepte et d’inintelligent, pour avoir décerné successivement un MAMA et un AFRIMMA à un « tel » titre, or une fois nominé, on se souvient que le site en question s’était empressé d’en faire large échos le 17 Avril dernier, invitant même tes internautes à voter pour le valeureux représentant camerounais dernier : « C’est une excellente nouvelle pour le rap camerounais, et une telle nomination est le signe que le Cameroun est définitivement rentré dans le ‘’rap game’’ », ce sont là les propos relayés sur le site. Déjà on s’interroger sur ce soudain revirement, mais la joie d’espérer qu’enfin « peut-être » un MTV rentrera en terre camerounaise nous a tous distrait. Qu’est-ce qui a donc bien pu se passer ? Cette sortie peut certes être justifiée, mais il n’en demeure pas moins vrai que son discours inquiète, beaucoup en savent quelque chose…
Le titre de l’article « Clip : ‘’Njama Njama Cow’’ de Stanley Enow, on en parle ? » nous faisait -de prime abord- comprendre qu’il était question d’un éventuel dépècement du vidéogramme (dans un certain sens, vu sa forme interrogative). Sauf que cet aspect n’aura été essentiellement évoqué qu’en un paragraphe de six lignes, et le peu que l’on ait saisi c’est que Stanley grimaçait trop et que cela « insupportait » l’auteure « de plus en plus ». Sur les deux photos qui illustraient l’article, une saisit immédiatement le curieux : Celle d’un noir en feu avec une bande adhésive sur sa bouche. Une image qui pourrait susciter en moi moult questions. Remarque : Elle aurait pu faire l’objet de cet article, que même « Chantou » l’aurait probablement lu.
Plus loin, elle va poser sensiblement les mêmes problématiques qu’a pourtant élucidé sieur Stanley dans une interview accordée au site auletch.com le 22 juin 2013 (apprenons à lire nos confrères). L’artiste y avait –et avec une habileté rare- réagit, non sans apprécier modestement la grande attention que lui portait le public. Ce dernier répondait alors : « auletch : Il y a plus d’une semaine tu as sorti ce clip tant attendu. En même pas 8 jours il a fait plus de 20 000 vues du jamais vu dans le rap camerounais. Certaines personnes s’attendaient à voir « mami nianga et ses koss koss », « les beignets haricots » ou encore « ma’ala et kamdem de Bafoussam ». Peux-tu nous parler de la conception de ce clip ? Qu’est ce que tu as voulu mettre en avant ?
Stanley : J’apprécie énormément le fait que les Camerounais portent ce Concept #Heinpère dans leurs cœurs au point où tous avaient déjà réalisé leurs clips dans la tête. Là dessus je suis reconnaissant et Thanks God for that. Mais dis-moi père, tu penses que c’est avec tous ces détails moins vendeurs qu’on va rivaliser les nigérians qui capitalisent fortement sur l’image ? Est-ce que nous ne serons pas fiers de gagner des Awards dans d’autres pays comme les autres Africains ? Est-ce que mes amis Nanga boko n’ont pas le droit de rêver ? Tara j’ai juste voulu ne pas vendre le Cameroun moins cher aux yeux du monde car je suis à la conquête de celui-ci ». Ce garçon avait alors vu juste, et le destin nous le prouvera un an plus tard, le 07 Juin 2014 : il est sacré Best New Act aux Mtv Africa Music Awards (MAMA) à Durban, et le mois suivant, le 26 juillet à Dallas, il empoche un Africa Muzik Magazine Awards (AFRIMMA) dans la catégorie Best New Comer, excusez du peu. Nous nous bornons alors à une explication simple : Stanley réussi parce qu’il fait ce qu’il sent, et le public adhère (camerounais comme celui du monde) sans calcul. Nous n’allons pas nous attarder sur la gestuelle de l’artiste, décriée notre consœur, car on ne saurait spécifier la façon de s’asseoir ou de dormir à la camerounaise ; alors pourquoi faire une fixation sur des gestes propres à un style de musique d’un pays en particulier ? Et, au peuple d’épouser le délire de Stanley ou pas, non sans s’enivrer. En ce moment, la locution latine Vox Populi Vox Dei (généralement traduit par La voix du peuple est la voix de Dieu) revêt tout son sens. Mais en nous référant à la critique sur Stanley sur le site en question, il faudrait se méfier de la voix du peuple (qui serait immature en ce qui concerne son jugement sur ses goûts musicaux) ; un discours qui nous rappelle la fameuse lettre du moine anglais Alcuin à l’empereur Charlemagne en 798. Ce dernier l’y invitait à se méfier de la voix du peuple, notamment en ce qui concernait l’élection par acclamation, afin d’éviter l’influence d’une émotion populaire éphémère et de permettre les conditions d’un jugement historique dépassionné. Une position que rejoindra Hegel, bottant alors en touche trois siècles après l’opinion de Machiavel qui, au XVIe siècle démontrait que l’opinion est le substantiel de l’Etat. Les contextes ne sont pas pareils ; là nous parlons du showbiz, du « game » pour prêter l’expression à l’article qui nous interpelle, et c’est le peuple « qui met en haut, et c’est lui qui shiba » (ce sont bien des termes camerounais). Pour citer Machiavel : « Ce n’est pas sans raison qu’on dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. On voit l’opinion publique pronostiquer les événements d’une manière si merveilleuse, qu’on dirait que le peuple est doué de la faculté occulte de prévoir et les biens et les maux ». C’est sans ambages ce qui explique l’explosion des angolais El Destroia avec Em Bella (bientôt 5 000 000 de vues en 7 mois) avec « justement » une qualité sonore qui laisse à désirer, ou celle de Pala Pala de Mani Bella (près d’1 400 000 de vues en 8 mois) et de Njama Njama Cow de Stanley Enow ( plus de 10 000 vues en 5 jours).
L’article (Ndlr) serait alors bâclé, pire, aurait loupé son orientation -preuve formelle que son auteure n’a même pas pris la peine de regarder le vidéogramme- et ceci n’écarte « plus » l’hypothèse d’une certaine haine à l’endroit de l’artiste, surtout quand elle dit : « Il vaut mieux apprécier ce clip en mettant le volume en sourdine, car il ne parvient tout de même pas à nous faire oublier la musique (…) une vraie cacophonie désagréable. Je suis allergique à la médiocrité, surtout quand on a la chance de sa vie entre les mains (…) Quel gâchis ! ». Un tel brûlot pourrait très bien s’expliquer en trois mots : Colère, frustration, haine. Il n’est pas question de reconnaitre ici que l’auteur de sa « re-ponce » (la chronique répondait à l’avis) ait eu raison d’affirmer que celle-ci « refuse de comprendre le pidgin », bien au contraire, nous sommes conscients qu’elle l’adore même ; d’ailleurs son post sur son mur facebook sur ‘’Hein Père’’, de Stanley Enow ! La sensation rap du moment au Cameroun, du 11 Juin 2013, l’illustre à suffisance : « Le grand plus c’est le mélange du français, du pidgin et du francanglais. La richesse que nous sommes les seuls à avoir sur le continent au Cameroun. Le tout sur un beat de hip hop agréablement langoureux ». Nous revenons donc encore sur les mêmes interrogations : Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Qu’est-ce qui a motivé cette cassure entre l’architecte évènementielle et le Messie du Hip hop k’AMER ? Deux cerveaux qui auraient pu faire (il est même encore temps qu’ils le fassent) avancer les choses Positivement… Quel gâchis !
Toujours sur l’hypothèse de la haine, la psychanalyste Mélanie Klein dit que la haine correspond à une ébauche d’identité séparatrice : le Je te hais donc j’existe. Le «non» permet de se poser en s’opposant de façon moins destructrice certes, sauf qu’il est une affirmation de soi qui ne passe pas forcément par un déni de l’autre, comme on le constate tristement ici. On ne reviendra pas sur les questions soulevées par un animateur et présentateur télé très connu du milieu hip hop, sur « le choix du jury des différentes cérémonies de récompenses dont deux ont sacré Stanley Enow, qui sont ceux qui votent ? Quelle est la vraie valeur de ces différents trophées ? » Des remarques et interrogations quelque peu puériles, qui se traduiraient par : Comment un camerounais a fait pour remporter de tels récompenses ? (formule typiquement camerounaise). Beaucoup se souviennent pourtant de la date du 08 juin 1990 (Coupe du Monde en Italie), le match qui opposait la terrible équipe d’Argentine menée par un certain Diego Armando Maradona au Cameroun s’était soldé par un score de zéro but contre un en faveur des Lions Indomptables. But signé de la tête par François Omam-Biyik, à la 65ème. Oui, David avait vaincu Goliath… Donc tout est possible dans la vie, il suffit d’y croire, sauf que nous autres, avons la manie de croire quand le potentiel est bas, une fois qu’il explose et qu’il s’étend démesurément, alors c’est en « combattants » qu’on s’érige contre nos valeurs d’hier.
Stanley, contrairement à ce que certains avaient prédit, n’a pas renié ses racines, du moins pas dans ses textes. Que traduit Njama Njama Cow si ce n’est la camerounité (permettez l’expression) dans ses profondeurs, entre chants ludiques et contes originels dans les contrés du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays.
Pour formuler une critique constructive, l’intention sincère de vouloir aider devrait plus s’y sentir ; or en lisant l’avis de la consœur, il y a lieu d’avouer en toute honnêteté qu’il ait été très abstrus d’en déceler une rognure d’objectivité, même si l’on le trouve bien écrit. Mais l’opacité qui y prévaut empêche de s’escrimer, surtout dans le sens de la compréhension. Cette « indulgence zéro » n’infuse nullement, elle est plutôt corrosive, destinée à déstabiliser en inhibant psychologiquement l’avancée de la star du rap camerounais ou sa montée vers les cimes.
Cela dans un certains sens n’aide toujours pas, quand on sait que même le détail le plus insignifiant pourrait remettre en cause tout un processus de construction qui a pris de longues années pour ne serait-ce qu’exister de nom, avant plus tard de s’affirmer en termes de représentativité sur l’échiquier international. Ebai Stanley Enow est « l’élu » ; le destin a voulu que ce soit lui qui ouvre le chemin à d’autres après plus de deux décennies de combat. Pour certains ça peut paraitre cruel et injuste, mais c’est un fait indéniable. On devrait juste l’assumer, au mieux, l’exploiter « jusqu’à la gare », comme on dit chez nous.
Le Cameroun a besoin d’autres Stanley Enow car lui, est déjà « là », pas de ses combattants. A bon entendeur…
Une pensée pour Sylvie, partie à la fleur de l’âge dans la nuit du 06 au 07 octobre 2014 ; Big Up aux valeureux soldats qui ont ouvert la voie au prix de leur seul talent : Dj Bilik, Krotal, Ak Sang Grav, Boudor, Negrissim, Babylone Squad, Bantou Pô Si, Tony Nobody, Big Bzy, Balafon Nkunta, X-Maleya, Rasyn, Koppo, Kundeyala, Lady B, Sultan Oshimihn, Shamahn, Valsero, Parol, One Love, Sangoa Mboa, Duc-Z, sans oublier tous ceux qui œuvrent dans l’ombre tout comme au-devant de la scène pour « notre » hip hop.
© Daniel Ndieh