Le professeur Mathias Éric Owona Nguini a été nommé par décret du Président de la République, lu le mercredi 22 avril 2020 au journal de 17h, vice-recteur en charge de la recherche et de la coopération avec le monde des entreprises à l’université de Yaoundé 1.
Dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux, Leonid Mfoum, citoyen camerounais et analyste politique fait une analyse de la nomination de cet enseignant d’université dont ses sorties publiques sont diversement appréciées par les camerounais. Selon ce compatriote camerounais, la nomination du spécialiste en sciences politiques n’est le fruit d’hasard. « L’interprétation que je donne à cette promotion est à chercher dans les idées que professe le sujet, l’homme dans les médias. Owona Nguini dans les médias parle à Biya, quand à travers lui, Biya parle aux camerounais », pense le camerounais.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.
Nomination de Mathias Éric Owona Nguini par Biya ou le triomphe des ultra-sécurocrates biyaïstes sur les progressistes du RDPC : Biya candidat en 2025.
Lorsque BIYA nous montre la lune, beaucoup, comme d’habitude regardent son doigt. Et pourtant, personne dans le landerneau politique camerounais ne maitrise mieux que lui la mise en scène du pouvoir qui est aussi un fort mode de communication. Ce qu’il faut retenir des actes lus hier (mercredi 22 avril, Ndlr) concernant les universités est qu’il a mis sur orbite une seule personnalité, celle d’Owona Nguini dont la fulgurance dans l’ascension est plus que météorique. À l’analyse, BIYA indique simplement qu’il faut encore compter avec lui sur la scène politique camerounaise.
Du personnage Owona Nguini.
Il est aujourd’hui un fervent défenseur du pouvoir que l’on doit associer aux ultras du sérail, rejoignant ainsi son papa, l’illustre Joseph du même patronyme dont les diatribes tribalistes anti-opposants, bamis surtout ne sont ignorées de personne. C’est un homme qui croit au bétipower mieux, au biyapower, convaincu et soutenant son désir d’éternisation au pouvoir qu’il se positionne à accompagner comme acteur de proue jusqu’à accomplissement de cet idéal.
Pour s’émanciper de la figure de son papa, il a dû pourtant commencer à l’échiquier gauche de notre scène politique (une manière polie de dire opposition), se présentant dans sa posture d’universitaire comme un pourfendeur dur du régime, avec des envolées verbales qui faisaient certainement bondir son père de son fauteuil. À cette époque, il était la coqueluche de l’ordre dissident et progressiste de notre pays qui le présentait non seulement comme alibi pour montrer que le pouvoir en place était infréquentable, mais aussi comme caution intellectuelle et morale de ses orientations.
Certainement lassé de la galère et de l’ingratitude du rôle qu’il s’était donné, il a fait un revirement à 180° pour se retrouver pieds et poings liés dans le camp du pouvoir, c’est alors que timidement va commencer son ascension.
Prêtez tout à Owona Nguini, sauf l’intelligence, surtout langagière. Lorsqu’Owona Nguini parle, il sait à qui il s’adresse exactement.
Ainsi, vous aurez beau dire que ses analyses sont boiteuses, qu’elles sont tout le temps contredites par les faits mais, il s’en balance dès lors que Biya l’écoute et l’agrée. La preuve, sa nomination qui est d’une fulgurance sans pareil.
En effet, sans être chef de bureau, chef service, sous-directeur, ce qui est souvent dans notre fonction publique le parcours de toute une vie, le voilà une fois plus que directeur et où? dans une université aussi sensible que celle de Yaoundé I. Si vous n’y voyez pas un message, c’est que vous êtes myopes. On ne se retrouve pas au cœur de l’administration ainsi, sans raisons.
L’interprétation que je donne à cette promotion est à chercher dans les idées que professe le sujet, l’homme dans les médias. Owona Nguini dans les médias parle à Biya, quand à travers lui, Biya parle aux camerounais.
En d’autres termes, l’adoubement d’Owona Nguini nous donne des éléments de compréhension de la trajectoire actuelle et future du régime; mieux, il nous donne l’état d’esprit du président Biya.
1- Biya n’est pas prêt à partir du pouvoir; au besoin, son souhait est d’y mourir.
C’est une idée, celle de l’irremplaçabilité de Biya, une biyadépendance de notre pays que défend Owona Nguini. Comme dans la course à venir il aura besoin de nouvelles énergies voire de relais, la coptation de MEON qui est ultra est une belle pioche pour lui.
On se souvient notamment que pendant la présidentielle de 2018, Owona Nguini est de ceux qui ont méthodiquement et systématiquement polarisé le débat de campagne, le trabilisant à outrance. Chaque jour et ce durant au moins un mois, il a fait au moins deux posts dévalorisant sur Kamto, le présentant comme un dangereux haineux tribaliste suprémaciste bamiléké. C’est d’ailleurs à son génie sombre que nous devons l’expression « tontinard » qui ne désigne autre chose que le bami.
2- L’usage de la violence pour conserver le pouvoir.
En plus de cautionner la répression dont est victime l’opposition (le MRC surtout), l’extrémisme de MEON s’est aussi beaucoup exprimé dans son positionnement en rapport avec la crise anglophone.
En effet et pour Owona Nguini, il ne sert à rien comme il disait de discuter avec ces gens qui ont pris les armes, estime-t-il contre la République. À plusieurs reprises, il a d’ailleurs appelé à la guerre totale pour en finir avec l’insurrection des régions anglophones.
Cette addiction pour la violence s’est vue manifester lors des exécutions extrajudiciaires dans la lutte contre boko-haram à l’extrême-Nord dans l’affaire de la maman portant son bébé, et dans l’affaire de Ngarbuh dans le NOSO.
Clairement, Biya qui est le seul arbitre après la nomination d’Atanga Nji, vient d’arbitrer une fois de plus en faveur des extrémistes de son camp.
Les modernistes qui pensent que BIYA est soucieux de l’héritage en termes de valeurs qu’il veut laisser gagneraient à revoir leurs notes. Tout comme ceux qui pensent que c’est le dernier mandant du président, n’ont qu’à bien se tenir.
Personnellement, je parie que MEON va encore monter, la présente fonction n’étant qu’une transition en attente de…
Léonide Mfoum