La production du réalisateur camerounais Saïd Mbombo Penda entend dévoiler l’autre face cachée de l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo.
La première projection publique du documentaire «Laurent Gbagbo: despote ou anti-néocolonialiste…le verbe et le sang» a tourné court. Le réalisateur Saïd Mbombo Penda a été prié de congédier les journalistes ainsi que les autres invités conviés à cette avant première samedi 11 janvier à l’hôtel Lewat de Douala. « Les éléments de la direction de la sécurité du territoire sont arrivés et m’ont indiqué que la hiérarchie a interdit cette projection. »
Le journaliste et réalisateur de cette production affirme également avoir échangé avec le directeur régional de ce corps de renseignement qui se serait montré assez ferme dans l’application de cette mesure. Le film proposé par Saïd Mbombo Penda se propose de dévoiler l’autre visage de l’ancien chef d’Etat de la Côte d’Ivoire. Un visage aux antipodes de la perception qu’une grande partie de l’opinion africaine garde du prisonnier de La Haye. « Nous voulons, à travers les témoignages des acteurs et les déclarations de l’ancien président ivoirien lui-même, montrer comment Laurent Gbagbo a usé de populisme et de démagogie pour exacerber les tensions communautaires dans son pays. » Une attitude qui, à en croire le réalisateur de ce documentaire aurait renforcé l’exclusion des populations du Nord de la Côte d’ivoire.
A l’observation, le documentaire que propose Saïd Mbombo Penda questionne le panafricanisme de l’ancien chef de l’Etat ivoirien. A ce propos, le réalisateur constate « avec regret que des milliers de ressortissants des pays africains ont été tués par des forces sous le contrôle de l’ancien chef de l’Etat ivoirien. » Tout comme le réalisateur déplore le peu d’engagement de Laurent Gbagbo dont la politique, à en croire Saïd Mbombo Penda serait « aux antipodes de celles des vrais panafricanistes comme le Ghanéen Kwame Nkrumah ou son homologue malien Modibo Keïta qui ont osé inscrire dans les constitutions de leur pays des dispositions les autorisant à renoncer à la souveraineté de leurs Etats au profit d’un Etat unitaire d’Afrique. »
Nul doute que la popularité dont jouit l’ancien chef d’Etat ivoirien au Cameroun et dans de nombreux Etats de l’Afrique subsaharienne est à l’initiative de la production que propose l’ancien journaliste de la Bbc. Saïd Mbombo Penda explique que « En réalité, en feignant une posture anti-française de façade, Laurent Gbagbo a simplement bluffé le peuple camerounais et une grande partie de l’opinion africaine ». Des peuples assoiffés d’une indépendance concrète de l’Afrique. La même source indique que, « pendant des années de pouvoir non seulement il (Laurent Gbagbo, Ndlr) n’a posé aucun acte fort qui aurait permis d’affirmer la volonté de rupture de son régime d’avec la France. »