Samedi 14 août, un séisme de magnitude 7,2 a frappé Haïti vers 8 h 30 heure locale (12 h 30 GMT). La catastrophe a provoqué la mort d’au moins 304 personnes, d’après la protection civile locale. Un premier bilan faisait état de 29 décès, dont 17 recensés dans le département de la Grand ’Anse, neuf dans la ville des Cayes, et trois dans le département des Nippes, où se trouve l’épicentre du séisme, dans le sud-ouest de l’île.
« Les premières interventions, menées tant par les sauveteurs professionnels que par les membres de la population ont permis d’extraire de nombreuses personnes des décombres », a ajouté la protection civile haïtienne. Plus de 1 800 personnes ont été blessées lors du séisme et les rares hôpitaux existant dans les régions affectées peinent déjà à fournir les soins d’urgence.
L’état d’urgence décrété pour un mois
Le Premier ministre, Ariel Henry, s’est rendu au centre d’opération d’urgence national, à Port-au-Prince, pour y tenir une conférence de presse. Le gouvernement a décrété « l’état d’urgence » pour un mois. Du personnel et des médicaments ont déjà été acheminés par le ministère de la Santé vers la péninsule sud-ouest, mais la logistique d’urgence est mise en péril par l’insécurité structurelle qui mine Haïti depuis des mois.
Sur un peu plus de deux kilomètres, l’unique route reliant la capitale à la moitié sud du pays traverse le quartier pauvre de Martissant totalement sous contrôle des gangs armés depuis début juin, empêchant la libre circulation. « Nous savons tous que nous avons un problème sur Martissant. Nous avons décidé que cette voie serait perméable c’est-à-dire qu’il faut que toute l’aide puisse passer », a déclaré le Premier ministre Ariel Henry lors d’un point de presse samedi soir. « La police ainsi que les FADH (Forces armées d’Haïti, NDLR) sont mobilisées et d’autres moyens sont mobilisés afin que cette aide que nous voulons acheminer à nos frères et sœurs en difficulté puisse arriver », a ajouté le chef du gouvernement sans fournir davantage d’explications.
En réaction à cette catastrophe, Joe Biden a offert l’assistance des États-Unis à l’île, a fait savoir la Maison-Blanche. Le président américain a autorisé « une réponse américaine immédiate » et chargé la directrice de l’agence américaine d’aide internationale (USAID), Samantha Powers, de coordonner cet effort. Joe Biden a également exprimé sa « tristesse ». « Je suis attristé par le séisme dévastateur qui a eu lieu à Saint-Louis-du-Sud en Haïti ce matin », a affirmé Joe Biden dans un communiqué, soulignant la mise en place d’une « réponse américaine immédiate » pour « évaluer les dommages » et aider les blessés.
Un hôtel et des maisons effondrés
Sur la côte sud, un hôtel de plusieurs étages, baptisé Le Manguier, s’est totalement effondré aux Cayes, troisième ville d’Haïti. Le corps sans vie de l’ancien sénateur haïtien Gabriel Fortuné, propriétaire de l’hôtel, a été retiré des décombres, selon des témoins. Sa mort a été confirmée par le Premier ministre.
La longue secousse a été ressentie sur l’ensemble du pays. Comptant plus de 200 000 habitants, l’agglomération de Jérémie, à l’extrémité sud-ouest de la péninsule, a souffert d’importants dommages dans le centre-ville, constitué principalement d’anciennes maisons de plain-pied. « Le toit de la cathédrale est tombé », a détaillé à l’Agence France-Presse Job Joseph, habitant de Jérémie. « La grande rue est bloquée. C’est là qu’il y a toute l’activité économique de la ville. » « Les gens sont affolés, les parents sont avec leurs enfants dans les bras et quittent la ville, car il y a des rumeurs de tsunami », a abondé Tamas Jean Pierre. Une alerte au tsunami avait en effet été lancée dans la foulée du séisme par l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine avant d’être rapidement levée.
Le tremblement de terre s’est produit à plus de 160 km au sud-ouest de la capitale Port-au-Prince et à 12 km de la ville de Saint-Louis-du-Sud, selon l’Institut américain de géophysique (USGS). Sur des vidéos partagées en ligne, des riverains ont ainsi filmé des ruines de divers bâtiments en béton, dont une église dans laquelle une cérémonie était apparemment en cours samedi matin dans la commune de Les Anglais, à 200 km au sud-ouest de Port-au-Prince. La catastrophe a provoqué des dégâts matériels dans le sud-ouest de l’île, ravivant ainsi les terribles souvenirs du grand tremblement de terre de 2010.