Dans une lettre ouverte adressée mercredi dernier au recteur de l’université de Yaoundé II-Soa, Jean Tabi Manga, au doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion, Georges Kobou et au doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques, Victor-Emmanuel Bokalli, 36 étudiants de cette université réclament la démission de ces responsables épinglés par le Contrôle supérieur de l’Etat le 11 juin dernier.
«Vous qui avez toujours été pour nous des références,
des marques et des modèles en matière d’apprentissage, vous constituez aujourd’hui une honte et une insulte pour l’académie africaine en général, pour la société camerounaise et en particulier pour nous, pauvres étudiants. Le rapport du Conseil [Consupe, ndlr] constituant à témoigner votre désir manifeste à un avenir funèbre de l’étudiant et de l’université de Yaoundé II-Soa », écrit le collectif.
Les rédacteurs de la correspondance poursuivent : «Faut-il vous rappeler que vous êtes à la tête de l’institution sensée former l’élite de demain maîtrisant la complexité des questions juridiques, politiques et économiques? Même les Camerounais les moins avertis savent que c’est de vous que doivent venir des réponses sur les questions d’ordres juridique, politique et économique. Est-ce aux hommes de science comme vous à qui on devrait imputer des fautes de gestion qui sont pour le petit camerounais les actes d’incivisme, de détournement et de corruption. Est-ce que ces actes ne sont pas de nature à évincer le patriotisme économique prôné par le chef de l’Etat, à décourager tout espoir fondé sur l’émergence du Cameroun en 2035, à faire mourir l’université de Yaoundé II-Soa, qui est un cadeau cher du chef de l’Etat à la jeunesse ? ».
Visiblement très remontés, les étudiants « frondeurs » se font ensuite sentencieux : «Messieurs le recteur, les doyens, nous sommes tous des intellectuels et la première caractéristique d’un intellectuel c’est le respect de l’autre. Nous faisons confiance à votre conscience morale et surtout à votre bon sens intellectuel pour partager nos états d’âme. Nous vous serons gré de responsabilité pour la libération de notre université par des actes de démission ! ». Appelé à réagir sur cette lettre ouverte, Me Manassé Mballa, l’un des avocats du recteur de l’UYII-Soa a indiqué que «le recteur Tabi Manga est actuellement en séjour hors du pays. Dès qu’il sera de retour à Yaoundé, il aura une concertation avec son collectif d’avocats et ensemble, nous allons décider de la stratégie à adopter pour le défendre. Pour l’instant, je ne peux donc pas me prononcer sur cette lettre».
Rappelons qu’au terme de sa session du 11 juin dernier, le Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) a retenu neuf fautes de gestion à la charge du recteur Jean Tabi Manga. Le Cdbf l’a du reste condamné à payer plus de 64 millions Fcfa. Concernant le doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’UYII-Soa, Georges Kobou, il devra verser environ 104 millions Fcfa au Trésor public contre 164 millions pour son homologue de la Faculté des sciences économiques et de gestion, Victor-Emmanuel Bokalli.