Le Pr. Kengne Fodouop présente la formation diplômante qui ouvre sur le marché de l’emploi au Cameroun et dans la sous-région.
Deux ans après son lancement, quel bilan peut-on faire du Master professionnel en urbanisme, aménagement et de développement urbain (Uramdeur) de l’université de Yaoundé I?
Le Master professionnel Uramdeur dont le maître d’œuvre est le département de géographie de la FALSH de l’Université de Yaoundé 1, a vu le jour à la rentrée académique 2010 – 2011 à l’initiative du ministère de l’enseignement supérieur. A ce jour, il compte deux promotions d’étudiants, la première de 38 étudiants relevant de trois pays d’Afrique centrale à savoir le Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine et la seconde 51 étudiants provenant de quatre pays, les trois premiers pays nommés auxquels il faut ajouter le Gabon. Si tout va bien, le master professionnel considéré consacrera ses premiers diplômés à la fin du mois de novembre ou dans le courant de décembre 2012. En effet, la formation de ce Master dure 24 mois, soit quatre semestres : trois semestres d’enseignements théoriques et pratiques et un semestre voué au stage professionnel en entreprise et à la réalisation du mémoire de fin d’études.
Comment est organisé de manière générale ce Master?
Les enseignements du Master professionnel Uramdeur sont dispensés par les meilleurs spécialistes du domaine composés aux trois quarts des professionnels choisis pour leurs compétences dans les domaines de l’urbanisme, de l’aménagement et du développement urbains. A ces enseignants issus du monde professionnel, s’ajoutent des professeurs d’universités. Il s’appuie sur des partenaires nationaux et internationaux publics ou privés. Au plan national, il a pour partenaires l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique, l’Ecole Nationale de Travaux Publics, le Ministère de l’Habitat et du Développement Urbain et celui de la l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Au plan international, il bénéficie du partenariat des laboratoires « Géographie-cités » de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, de Riate de l’Université de Paris VII, de Cirtai de l’Université du Havre et du Département d’Urban Planning de l’Université de Darmstadt en Allemagne.
Quelles sont les conditions pour y accéder?
Cette formation diplômante BAC+5 s’ouvre aux titulaires du diplôme de licence de l’enseignement supérieur et les inscriptions en première année sont ouvertes chaque année entre le 1er septembre et le 31 octobre.
Y a-t-il une entrée directe en 2ème année ?
Oui, il y a une entrée directe en deuxième année ouverte aux candidats ayant obtenu une maîtrise ou subi avec succès une quatrième année d’enseignement supérieur centrée sur les questions d’urbanisme, aménagement et de développement urbains.
Peut-on dire que vous avez des promesses d’emploi pour la promotion qui sort prochainement de ce master?
Oui, puisque dès la première année de fonctionnement de notre Master, un certain nombre d’entreprises et de bureaux d’études ont fait appel à des étudiants en cours de formation pour mener à bien des tâches de conduite d’enquêtes de terrain, d’élaboration des diagnostics territoriaux, ou de collecte des données socio-économiques. Nous avons la ferme conviction que la formation que nous offrons dans le cadre de notre Master est une formation solide et de standard international. Ce Master se fonde sur le constat d’un déficit criard d’urbanistes au Cameroun et de ce que nombre de personnels techniques des structures publiques et privées en charge des questions urbaines, n’ont pas les compétences requises. Parallèlement à cette situation, la majeure partie de ces personnels manifeste la volonté de renforcer ses capacités aux fins de donner une plus grande efficacité à ses interventions.
Quel est le coût de la formation ? Avez – vous avez les installations requises?
Le coût de formation s’élève à 600 000 FCFA (environ 900 Euros) pour les candidats originaires de la CEMAC et à un million de FCFA pour les autres candidats. L’université a récemment construit de nouveaux bâtiments, mais ceux-ci ne sont pas encore suffisants. Nous espérons que d’ici la fin de décembre 2012, nous aurons d’autres bâtiments opérationnels et par voie de conséquence un cadre de travail beaucoup spacieux.
Quel bilan faites – vous de ces deux premières années?
A ce que nous avons observé, les deux-cinquièmes des étudiants en formation sont en situation professionnelle. Et quelques-uns de ceux qui travaillent n’arrivent pas toujours à l’heure aux cours, etc. De même, quelques étudiants de cette catégorie n’ont malheureusement pas participé aux deux voyages d’études que nous avons organisés en juin 2011 et mai 2012 dans la ville de Douala, faute d’avoir obtenu une permission d’absence de la part de leur employeur. Du côté de l’administration universitaire, avec l’épineux problème de délestage du courant électrique, il est arrivé certains soirs que les étudiants soient privés de cours faute d’éclairage.
Quelles sont les perspectives du Master dans son fonctionnement?
Au regard du rythme des demandes d’inscription à ce Master, nous sommes persuadé que si rien ne vient entre temps entraver la marche et surtout décourager les enseignants qui viennent pour la plupart du monde professionnel, et qui sont habitués à travailler selon des normes plus que rigoureuses, il est à espérer et à attendre un développement de ce Master. Je ne serai pas surpris, que dans les années qui viennent, d’autres structures universitaires du Cameroun emboîtent le pas à l’Université de Yaoundé en créant en leur sein, une formation similaire. Sans faire du triomphalisme, notre Master bénéficie d’un écho très favorable auprès du public et surtout des parents avides de voir leur progéniture suivre une formation qui lui offre de larges perspectives d’emploi salarié et/ou indépendant.
Quelles sont les débouchées?
Les débouchées de ce Master sont extrêmement nombreuses et concernent les cadres techniques supérieurs des ministères et de leurs structures rattachées, les personnels techniques de collectivités territoires ; des communautés urbaines, des mairies, des cabinets, des bureaux d’études et autres laboratoires d’urbanisme, d’aménagement et de développement urbains sans oublier que les diplômes de cette formation peuvent créer leur propre structure et embaucher du personnel. Il y a un énorme besoin de personnel qualifié dans les domaines de l’urbanisme et d’aménagement urbain dans les collectivités territoriales décentralisées. Dans le contexte actuel de mise en place des principes de décentralisation, les collectivités locales sont appelées à s’assumer. Nombre d’entre elles ont compris qu’il faut suivre cette voie. En effet, il y a dans les deux promotions en cours de formation dans le Master professionnel URAMDEUR une proportion non négligeable de personnels relevant des communautés urbaines de Douala et de Yaoundé et des communes comme Dschang, Foumban, Monatélé et Dzeng pour ne citer que celles-là.
Luidor Nono