Valère Weda, Journaliste à LA CROIX a commis une tribune pour donner son appréciation sur l’interview exclusive avec Samuel Eto’o présenté par Rodrigue Tongue, directeur de l’information à Canal 2 international. Contrairement aux critiques à l’endroit de Tongue, il pense qu’il a été professionnel.
Ci-dessous l’argumentaire intégral
L’interview exclusive est foncièrement différente d’une interview ordinaire
« Non, vous vous trompez… Rodrigue Tongué n’a pas été intimidé par Samuel Eto’o
Je vois beaucoup de personnes tirer sur Rodrigue Tongué en estimant qu’il n’a pas été à la hauteur du « reçu », selon une formule qui m’est consacrée, ou alors qu’il a été influencé par Samuel Eto’o. Ce n’est pas possible après autant d’années de métier. Je tiens même à dire qu’il a été très bon face à la posture délicate qui était sienne. En effet, dans ce contexte médiatique, l’interview exclusive est foncièrement différente d’une interview ordinaire. Elle a quelque chose de commercial, c’est une interview-communication. Le ton et le protocole d’interview sont alors rythmés par les préoccupations qui nécessitent cette communication d’urgence.
Oui, en politique ou dans n’importe quelle entreprise, on active l’interview exclusive en des « situations graves », comme l’a mentionné Tongue en filigrane à la fin de l’émission. Vous comprenez qu’à ce moment-là, on ne parlera pas de tous les sujets, mais essentiellement de ceux qui font polémiques et dont il est urgent d’apporter une clarification. Et en cela, Tongué a fait le tour de ces sujets-polémiques. Et puisqu’il s’agit de communication plus que d’information, on ne vas pas forcément, comme dans une interview ordinaire, titiller le « reçu » pour avoir la vérité : c’est lui la star. On doit lui donner plus de temps de réponse afin de convaincre.
Pour mieux comprendre, sachez que c’est la Fecafoot qui contacte Canal 2 par le biais de Rodrigue Tongue pour lui accorder une interview exclusive. Vous voyez donc que la démarche change de celle de l’interview ordinaire où habituellement c’est le journaliste qui va chercher l’invité. C’est pourquoi, dans le cas précis, je parle de « reçu » et non d’invité. Il faut trouver un juste milieu pour ne pas le brusquer de peur de perdre la prochaine exclusivité ( qui n’est pas à négliger en termes d’audience) et pour garder une certaine cohérence ou dynamique infocommunicationnelle dans le déroulé de l’entretien. Si on avait été dans l’Arène, le ton et les sujets abordés auraient été différents. Pour conclure, Samuel Eto’o a été magistral, Tongue a été professionnel. »