Dans l’édition du mercredi 06 janvier 2021 du quotidien Emergence, Wanah Immanuel Bumakor, Chercheur et consultant en relations internationales, a analysé la résolution du sénat américain sur le Cameroun. En effet le Sénat américain a demandé à la France de mettre un terme à la crise du Noso. Le spécialiste en études de paix et gestion des conflits essaye de comprendre si le sénat s’en prend à la France et si cette résolution du congrès ne donne pas plus de pouvoir à la France sur le Cameroun qu’il n’en faut.
Lebledparle.com vous propose l’extrait de son analyse
Il est important d’expliquer que dans le domaine des relations internationales, contrairement au droit international, les États souverains ne sont pas égaux. Le plus souvent, les gens ont tendance à négliger le fait que la politique l’emporte sur la loi. Il existe une sorte de hiérarchie entre les États, où certains États sont plus puissants que d’autres, faisant des États plus faibles, le plus souvent des régimes illégitimes, en particulier la plupart des pays africains, à rechercher une sorte de protection afin de survivre dans un monde d’anarchie que les réalistes appellent la survie du plus fort. Ce concept nous aide également à comprendre pourquoi la plupart des superpuissances lâchent à peine leurs anciennes colonies pour qu’elles jouissent de leur pleine souveraineté. Ces superpuissances trouvent toujours des moyens de maintenir des dirigeants fidèles pour servir leurs intérêts dans le pays. Par conséquent, nous observons une diplomatie de dépendance entre les deux États, où la politique interne des États les plus faibles est dépendante de l’État plus fort qui s’assure que les dirigeants de sa zone d’influence continuent d’être fidèles à l’État fort afin de gagner la protection ou la survie. Une fois qu’un État puissant, a déjà une zone d’influence ou une colonie bien reconnue, les autres États puissants n’ont pas le droit d’intervenir dans la politique interne de sa zone d’influence sinon cela pourrait conduire à la guerre. Par conséquent, il est bien connu que le Cameroun est la chasse gardée de la France. Cela signifie que la France doit s’assurer que tout gouvernement au Cameroun doit servir ses intérêts. Tout comme les États-Unis, la Russie et la Chine le feront dans leur propre zone d’influence. Cela s’appelle la Realpolitik. Cependant, comme l’objectif principal du Conseil de sécurité des Nations Unies est de maintenir la paix et la sécurité dans le monde, cela implique que l’instabilité ou un conflit armé dans un pays pourrait constituer une menace pour la paix et la sécurité d’autres États. A cet égard, c’est le gardien du Cameroun, la France, qui doit s’efforcer de pouvoir appeler son protégé pour maintenir l’ordre dans son pays. Cela ne devrait pas surprendre beaucoup que le président Emmanuel Macron ait ordonné au président Paul Biya d’appeler au dialogue et à la libération du principal chef de l’opposition, le professeur Maurice Kamto. Malheureusement, au plus grand désarroi du président Emmanuel Macron, le régime Biya n’a pas pu capitaliser sur ce dialogue en le rendant inclusif afin d’entamer le processus pour mettre fin aux violences dans les régions anglophones ou même apaiser le climat socio-politique très tendu du Cameroun.
Wanah Immanuel Bumakor
Chercheur et consultant en relations internationales, spécialiste en études de paix et gestion des conflits.