Après la décision ce 16 janvier 2019, de la Cour pénale internationale (CPI) de libérer l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l’ex-patron des Jeunes Patriotes Blé Goudé, l’analyste politique camerounais Wilfried Ekanga relate les circonstances et les contours de leur incarsération et arrive à la conclusion que l’objectif du commanditaire (la France), a été atteint, en 10 ans de mandat d’Ouattara.
Il était une fois un débat de sourds
LES SERPENTS QU’IL Y’AVAIT SUR LA ROUTE
Le cas ivoirien était certes complexe, mais en même temps très facile à cerner. Le véritable problème part du fait qu’on a tenté de nous présenter deux camps : le camp des anges d’une part, et celui des démons de l’autre. Or, la réalité ne fonctionne pas comme ça. Le Monde manichéen n’existe pas. Toute guerre a la particularité d’être sale pour tout le monde. Les principaux challengers d’un conflit endossent automatiquement le statut de « criminel ».
Sauf que l’histoire est écrite par les vainqueurs, qui deviennent alors d’office les bons, les gentils, les anges.
Autrement dit, ni Alassane Ouattara, ni Laurent Gbagbo ne sont complètements coupables ou complètements innocents. Leurs troupes respectives ont une responsabilité évidente dans la rivière de sang qui a ruisselé sur la terre de Didier Drogba entre 2002 et 2011. Ils auraient donc pu ( et dû ) être tous les deux jugés au même titre, et ce, de préférence par des instances africaines.
Tout se gâte à partir du moment où la Cour Pénale Internationale, critiquée depuis sa création ( Le 1er juillet 2002 ) pour son parti pris et sa focalisation sur les dirigeants africains, va décider de ne s’en prendre qu’à Laurent Gbagbo, et de décréter que son rival est le gros gentil de l’histoire. Combiné à la fougue interventionniste de Nicolas Sarkozy qui sortira l’artillerie lourde pour extirper Gbagbo du palais présidentiel, il devient alors évident que d’autres intérêts bien plus sombres sont en jeu.
Face à ces deux coupables innocents, la France a donc bel et bien choisi son camp : Gbagbo qui, à l’instar de Khadafi ( Assassiné le 20 octobre de la même année ), a osé jouer les rebelles en évoquant la création de structures financières africaines et totalement indépendantes, est vite déclaré « persona non grata » ( indésirable ). Par contre, son alter ego, fin produit de la haute finance internationale à l’image de Macron aujourd’hui, restera dans la droite lignée d’Houphouet Boigny, le premier président : la soumission au Maitre
En clair, avec lui, la France n’a pas à craindre de perdre sa chasse-gardée. Il est donc la marionnette idéale, et bénéficiera à ce titre du soutien d’un Paris néocolonialiste. Les jours de Laurent Gbagbo sont alors comptés.
La France refuse le recompte des voix comme Gbagbo le demande ( Tout comme elle ne se prononce pas depuis que Kamto exige la même chose, mais exige en revanche de recompter les voix en RDC alors que les Congolais ne lui ont rien demandé ). Aujourd’hui, en 2019, les pièces du puzzle sont toutes assemblées. On sait à quel moment elle fait quoi et à quelles fins.
Le long contentieux international et le soutien massif de la société civile africaine envers Gbagbo, viendra donc du sentiment d’avoir affaire à un procès aux motifs géopolitiques, plutôt qu’à une véritable affaire de justice. Si les Européens cherchaient à faire régner la paix et la justice dans nos pays, ça se saurait !
Alors certes, la Côte d’Ivoire affiche une balance commerciale positive ( 1 708 milliards en 2018 ) et termine à échéance ses projets ( Tels que le fameux stade d’Ebimpé pour la CAN 202X ), mais le tableau des avoirs de la France dans ce pays fait penser à une veritable razzia économique. Les entreprises françaises y font la pluie et le beau temps, et génèrent à elles seules, selon le magazine < Financial Afrik >, environ 50% des recettes de l’Etat ivoirien.
C’est l’un des rares pays d’Afrique francophones où les Chinois ont encore une concurrence européenne véritable ). L’économie y est toujours basée sur les produits de rente ( Cacao, café, coton, noix de cajou … ) et dépend du cours des prix fixés par les acheteurs internationaux : ces grandes puissances elles-mêmes. L’exportation de ces matières de base est le socle sur lequel repose le pays pour acquérir des devises étrangères et financer ses infrastructures. En dépit de la beauté des constructions, cela reste un pays pris en otage, comme des semblables d’Afrique centrale.
A cela s’ajoute le prix surélevé des réalisations françaises, comparées à d’autres infrastructures d’envergure similaire. En Éthiopie, le train urbain d’Addis-Abeba réalisé il y a trois ans par la Chine n’aura coûté que 450 millions de dollars, loin de l’estimation à 2 milliards que va coûter le Metro d’Abidjan pour un tronçon pourtant quasi équivalent.
En bref :
Aujourd’hui, ils ont libéré l’homme, après avoir obtenu les 10 ans de mandat espérés. Le FPI ( Front Populaire Ivoirien ) saura t-il profiter de cette nouvelle situation pour renaître de ses cendres et générer un candidat à la prochaine présidentielle qui porte l’esprit gbagboiste en lui ? Ou va ton revivre ( Comme si souvent ) , un bis repetita de la pièce de théâtre décrite plus haut, juste avec des acteurs différents ? The movie is only betining
Ekanga Ekanga Claude Wilfried
( Ayo Africa )