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Wilfried Ekanga : « Que l’on soit de la B.A.S, de la société civile, du MRC ou même du RDPC, nous sommes tous dans le même camp »

EKANGA WILFRIEDS

Dans une sortie sur sa page Facebook officielle, l’analyste politique et militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Wilfried Ekanga revient sur les évènements de Genève du samedi 29 juin 2019.

EKANGA WILFRIEDS
Wilfried Ekanga (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous propose ci-dessous, la chronique de Wilfried Ekanga publiée sur sa page Facebook.

L’IGNORANCE : LA MEILLEURE ARME DE GUERRE

« Nous sommes tous devenus des crétins. »

Sur ce point, Dame Beyala a raison (chose qui lui arrive assez rarement). Les Camerounais, jeunes et vieux, idiots et sages, sont manipulés H24 pour les intérêts de quelques individus qui en fait, ne sont les amis de personne.

N’oubliez pas que c’est un pays où deux cadavres viennent de signer une motion de soutien à Paul Biya, en souvenir d’un autre cadavre, Claude Ndjomo, décédé le 9 octobre 2017, enterré le 11 novembre, et admis au concours de l’ENAM peu après, avec félicitations du jury.

J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : que l’on soit de la B.A.S, de la société civile, du MRC ou même du RDPC, nous sommes tous dans le même camp : celui d’un peuple vampirisé par un petit gang de malfrats en cravate qui s’enrichissent sous notre nez, quand le pays manque de tout. Et si vous n’avez pas compris, voici comment marche une dictature :

Le dictateur puise 1 milliard de CFA des caisses pour son compte personnel. Puis, pour que ça ne fasse pas écho, donne 50 CFA à trois personnes qui désormais vont le défendre à tous les temps.

La stratégie va consister à traiter systématiquement de « déstabilisateurs » ses opposants, alors que ceux-ci réclament en fait plus de justice sociale. Tout bêtement.

Thomas Sankara disait : « Il faut choisir entre du champagne pour quelques-uns et de l’eau pour tous. »

Ne vous y trompez pas : Paul Biya n’est pas votre ami, et le patriotisme n’est pas une propriété privée. On peut décider d’être patriote, c’est un choix. Mais on ne peut pas décider que l’autre ne l’est pas.

C’est une folie. Si ton frère veut couper la main du voleur, ne le taxe pas sitôt de criminel. Réfléchis un court instant, tu verras que son action a pour unique but d’arrêter le vol. La méthode ne te plaît peut-être pas, mais la finalité doit te plaire. C’est une obligation si tu es vraiment patriote.

Avant donc de comparer la « barbarie » de la police suisse à celle de Yaoundé, comparez plutôt la Suisse au Cameroun et ça nous évitera le ridicule. Et pour ce faire, commencez par une question : La Suisse supporterait-elle d’avoir un dirigeant pareil ?

Les Français ont décapité Louis XVI en 1793 et ils s’en félicitent. Ils ont fait des misères à François Fillon pour une histoire de veste trop chère, puis disqualifié DSK pour une affaire de chambre, avant de pourrir la vie à Macron avec les Gilets jaunes. Et ne parlons pas des Allemands. Eux ils ont chassé leur président Christian Wulf en 2012 à cause de… 500 euros.

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Imaginez ce qu’ils feraient de celui qui dépense 40 000 euros la nuit. Je vous laisse écrire le scénario et me l’envoyer par message.

Vous avez vu Genève hier. La propreté, le chic. Comment réussissez-vous à ne pas avoir envie que notre pays ressemble à ça quand votre président y passe toute sa vie ?

Genève est la ville avec le plus grand nombre d’organisations internationales, devant New York. D’où son statut de « Ville mondiale ». Pourtant, Genève ne fait que 15 km2. C’est la taille du port autonome de Douala !

Le PIB de la Suisse (678 milliards de dollars) est quasiment égal à celui de nos deux plus grosses économies (Nigeria et Afrique du Sud) réunies. Le problème, c’est que ces deux pays comptent ensemble 300 millions d’habitants. La Suisse ne compte que… 8 millions d’individus.

Fin de la comparaison.

J’ai des approches différentes ; je ne saurais utiliser leurs méthodes, mais j’arrive à comprendre pourquoi ces gens n’aiment pas Paul Biya. C’est le minimum. J’ai pu en rencontrer certains, en janvier dernier, pour tenter de saisir les motivations d’une détermination pareille.

Et ce n’est pas parce que tu n’admets pas les stratégies d’une personne que ses raisons sont infondées. C’est une réflexion idiote.

Tout le monde veut aller en Europe, mais d’aucuns prennent l’avion, d’autres le désert. Chacun est libre de ses choix parce qu’il se sait prêt à en assumer les conséquences.

Ce qui me désole, c’est de voir des frères s’entredéchirer pour des individus qui en fait, se fichent royalement d’eux. En tant que MRCiste, je n’hésiterai pas une seconde à tirer sur un Maurice Kamto président, s’il venait à se comporter comme Paul Biya.

C’est de la simple logique. Car mon seul véritable parti, c’est le parti de la vérité et de la cohérence. Tu dois faire ce que tu as dit que tu feras. Ou du moins, essayer de le faire.

Et donc, vous soutenez votre « Père de la Nation » sans vous poser les bonnes questions. Chacun essayant de se réjouir de savoir qui a tapé le plus fort, pendant que le seul vrai adversaire sourit et se dit : « Ah les crétins ! Surtout ceux qui me supportent. »

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Et nous y voilà. Les mêmes qui ont dit : « Ils salissent l’image du Cameroun à l’étranger » se délectent d’une vidéo où l’on voit des gens agresser un compatriote, lui arracher son portable et jouer les policiers en lui demandant sa pièce d’identité. Les mêmes sont heureux que leurs concitoyens se fassent gazer en terre blanche par une police blanche, comme si ça rehaussait l’image de l’Africain ou du Noir en général.

Eh oui. Nous sommes devenus des crétins.

Le terroriste dans une guerre, c’est celui qui la perd. Faites donc attention à vos paroles d’aujourd’hui, car elles pourraient se retourner contre vous demain. Hier à Genève, il y avait une différence fondamentale entre ceux qui soutiennent Paul Biya et ceux qui s’opposent à lui : les uns furent payés pour le faire, alors que les autres étaient là par conviction. C’est pour ça que les uns ont eu besoin de la police, et que les autres étaient en supériorité numérique.

Et ce serait la même chose au Cameroun.

La conviction : c’est aussi ce qui explique qu’une femme prenne sur elle des tirs de gaz lacrymogène et des jets d’eau, sans broncher. Parce qu’elle est animée par cette mystérieuse étincelle que peu possèdent encore aujourd’hui. On a vu dans ses yeux qu’elle est prête à mourir pour ce qu’elle croit juste. On peut ne pas l’apprécier, mais l’intelligence exige de le reconnaître.

Et c’est sa définition du patriotisme. Vous aussi devriez le supporter ainsi. Car il n’existe aucune unité de mesure.

EN CONCLUSION :

Ne dites plus : « Ils se sont agités, mais Paul Biya est toujours en Suisse tranquille ». Car à l’heure actuelle, l’intéressé a sûrement du mal à passer devant la réception en regardant les fonctionnaires de l’hôtel en face. Car tous leurs yeux semblent dire : « Donc c’est avec de l’argent public que cet homme vient en jouissance chez nous ? »

Mais si vous dites qu’il n’en a pas honte et qu’il s’en fout, alors c’est vous qui devriez avoir honte de soutenir un voleur impuni.

Et si vous-mêmes vous n’avez pas honte… eh bien vous êtes des crétins accomplis, que dire de plus ?

Sans rancune,

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED


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