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Xavier MESSE : « il faut saluer le courage de Tsimi EVOUNA dans ce Cameroun sans histoire »

Monument inde

De son exil sénégalais à Dakar, Germaine Ahidjo reçut le journal Mutations. C’était en 2011. Au cours de cette rencontre, elle parla de ses journées monotones à Dakar. De ses enfants et de ses petits-enfants. Elle parla de sa famille et de ses amis laissés au pays. Naturellement elle revint longuement et tendrement sur son mari, Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun décédé en exil en 1989 à Dakar, où il repose jusqu’à ce jour.


Monument inde
Monument de l’indépendance à Yaoundé – DR

Des souvenirs, Germaine Ahidjo en raconta. Elle distilla des choses bien connues, et d’autres moins connues. Elle fit également des révélations dont certaines ressemblaient aux contes que les grands parents tenaient à leurs petits enfants autour du feu, dans la cour éclairée par la lune dans nos villages africains. Parmi ces révélations croustillantes lâchées parcimonieusement par la première dame de l’époque, elle raconta « leur » soirée du 31 décembre 1959 avec son mari, lorsque le futur chef de l’Etat se préparait à proclamer à minuit, l’indépendance du Cameroun.

Elle raconta aussi la journée du 1er janvier 1960. Celle-ci, très festive, se passa à la place de l’Hippodrome pour ce qui est de la capitale Yaoundé. L’Hippodrome, c’est la plus grande place de Yaoundé. Elle commence côté sud devant le ministère de la Communication, et elle se termine côté nord par le lycée français Fustel de Coulanges. Sur cet espace jadis ouvert et bordé par une haute clôture, se déroulaient : le championnat et la Coupe du Cameroun de football, de la 1ère à la 8è édition de la Fête de la Jeunesse, la 1ère édition de Coupe des Tropiques, ainsi que toutes les autres grandes manifestations que le pays organisait en cette période.

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L’Hippodrome de Yaoundé a disparu en 1970 au profit du stade Omnisports baptisé « Ahmadou Ahidjo ». La mythique tribune qui tournait le dos au Collège de la Retraite, à partir de laquelle Ahmadou Ahidjo prononça ces mots ineffaçables « Le Cameroun est libre et indépendant ! », cette tribune fut également rasée comme une vieille termitière. Que reste-t-il donc de ces lieux pleins de symbole et des traces de l’histoire du Cameroun ? Rien ! Seuls les soixante-huitards peuvent encore raconter, nostalgiques ces histoires, ou décrire ces lieux devenus anodins, leur cœur serré.

Tsimi Evouna
Tsimi Evouna, Délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé depuis 2005 – DR

L’actuel délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna est certainement de ceux qui vivent mal l’effacement des traces de l’histoire dans notre pays. A sa manière, il a décidé de marquer d’un signe fort la place de l’Hippodrome où l’indépendance du Cameroun fut proclamée le 1er janvier 1960. Il a fait construire et ériger en cette place, un moment calqué sur la forme de l’obélisque de la Concorde, le plus vieux monument de Paris, qui est d’origine égyptienne.

Dans ce pays au visage sans Histoire, où les vestiges ancestraux et coloniaux sont détruits systématiquement, il faut saluer le courage de Tsimi Evouna qui nous rappelle que, ici, était né le Cameroun indépendant.

© Xavier MESSE, Directeur de Publication du journal Mutations


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