A la suite de vives manifestations racistes, le ministère de l’Intérieur de l’Etat hébreux annonce l’emprisonnement de sans-papiers noirs sans autre forme de procès. Le peuple demande quant à lui, le départ, sans délai du sol hébreux, de tous les Africains.
C’est peut-être l’histoire de l’arrosé devenu lui-même arroseur. Car l’histoire contemporaine enseigne qu’autour des années 1940, en pleine seconde Guerre mondiale, les juifs ont farouchement été pourchassés de l’Occident par les régimes nazis d’Hitler et autre Mussolini qui avaient déjà étendu leurs tentacules un peu partout en Europe. Les Juifs étaient alors identifiés par les intégristes comme la cause des malheurs culturels et économiques du vieux continent. Ils étaient alors chassés, vilipendés, traqués et exécutés lâchement. Cette face hideuse de l’histoire de l’humanité a été résumée dans un euphémisme : La Shoah. Et une des portes de sortie de crise a été la création de l’Etat d’Israël en 1948, survenue dans le mouvement sioniste. Seulement, un peu amnésique, les juifs (constituants essentiels du peuple Israélien) qui se plaignent encore (à raison) 64 ans après des effets du nazisme ont tôt fait de transposer aujourd’hui sur les Africains, les frustrations d’hier.
S’ils n’appliquent pas la Shoah sur plus de 60 0000 originaires du continent noir (dont de centaines de camerounais) vivant sur leur territoire, ils administrent au moins, au monde entier qui s’est apitoyé sur son sort pendant des décennies, une leçon d’ingratitude. Car par dizaines de milliers, les Israéliens se sont levés ce 23 mai 2012 pour demander le départ des immigrés noirs (parmi lesquels figurent des Camerounais) qu’ils accusent d’arracher leur travail, de causer l’insécurité et des crises de valeur. Le même discours de départ tenus il y a maintenant 70 ans par les nazis vis-à-vis des juifs.
« Les noirs dehors »
En effet, Plusieurs centaines de personnes se sont livrées à la chasse aux Africains mercredi soir à Tel-Aviv, d’après l’annonce faite par les officiels israéliens eux mêmes. Selon les médias de ce pays, les manifestants ont scandé des slogans xénophobes ou racistes – « Les noirs dehors » — et vilipendé « les belles âmes gauchistes » qui défendent ces étrangers. Des mêmes sources, D’après nos confrères du Messager au moins deux manifestants ont frappé un travailleur étranger, et d’autres ont fait éclater les pare-brise de plusieurs véhicules à bord desquels circulaient des Africains. « Suite à des violences, nous avons arrêté cinq manifestants », a simplement déclaré Mme Samri porte-parole du ministère de l’Intérieur à l’Afp.
Mais ce matin contre toute attente, Elie Yishaï, le ministre de l’Intérieur de l’Etat hébreux a annoncé l’emprisonnement d’Africains en situation irrégulière en guise de mesures conservatoires qui pourrait calmer les ardeurs du peuple qui cultive depuis quelques années un sentiment anti africains très poussés. Mais personne ne sait dans quelles conditions ces immigrés seront détenus.
Une mesure dont l’opportunité est relativisée par le site d’informations Jss News, présenté comme modéré à Tel-Aviv. Selon son administrateur, Jonathan-Simon Sellem, un journaliste vivant en Israël et qui connaît le monde des médias, de la diplomatie, de la géostratégie, « On peut penser ce que l’on veut des sans papiers africains en Israël mais qu’importe la réponse, l’attitude des israéliens qui ont manifesté mercredi soir est terrible et choquante. Et le fait que des députés aient participé à ce rassemblement ne peut qu’ajouter du dégoût envers ces parlementaires ». Les réactions des Etats africains et de l’Union africaines restent attendues. L’holocauste n’avait-elle pas ces allures au départ ?
Rodrigue N. TONGUE