La plainte a été déposée le 15 janvier 2018 pour contester les multiples coupures d’Internet dans les régions anglophones qui durent depuis un an a appris Lebledparle.com de Jeune Afrique. L’État du Cameroun, le ministère des Postes et des Télécommunications ainsi que Camtel, sont indexés dans la plainte de l’ONG camerounaise.
« Nous avions déjà sollicité la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à travers une plainte déposée en avril 2017 au moment de la première grande coupure. La recevabilité de cette nouvelle plainte ne peut pas être contestée, le Cameroun est signataire de plusieurs textes internationaux qui doivent garantir la liberté d’expression ainsi que celle de s’informer. Deux droits fondamentaux que ces restrictions violent », explique Maximilienne Ngo-Mbe, directrice exécutive de l’ONG.
Le Réseau de Défenseurs des Droits Humains de l’Afrique Centrale (Redhac) est épaulé dans cette initiative par deux ONG : Internet sans frontières (ISF) et Access Now. Le Cameroun est le premier pays poursuivi pour des coupures de réseau Internet. « C’est la première fois qu’un État est poursuivi pour avoir coupé Internet. Le but de ce dossier est aussi d’établir un précédent, en faisant en sorte que les coupures d’Internet soient reconnues comme une violation des droits constitutionnels des Camerounais », explique Melody Patry d’Access Now.
Le Cameroun étant en année électorale, le Rhedac craint que la plainte n’aboutisse pas. « Cette réponse disproportionnée de la part du gouvernement camerounais pour faire taire la contestation doit être condamnée. La Cour a une opportunité de faire jurisprudence pour les futures victimes de coupures d’Internet. Mais nous sommes conscients qu’avec les élections qui approchent et dans un contexte aussi tendu, ce ne sera pas évident de faire aboutir cette plainte », s’inquiète Maximilienne Ngo-Mbe du Redhac.
Pour rappel, après trois mois de coupure totale, depuis le 17 janvier, la connexion internet a été à nouveau établie dans les régions anglophones du pays le jeudi 20avril 2017, sur ordre venant du sommet de l’Etat. Après cette première grande, et surtout avec les regains de violence dans les régions anglophones, la connexion internet semble être encore perturbée, même si le Minpostel est monté au crénau une fois pour refuter cette thèse.